Emballage
Adieu couverts en plastique à usage unique, bonjour pailles en papier
Le 27 mars dernier, le Parlement Européen a approuvé le texte final du projet de directive sur les plastiques à usage unique (Single Use Plastics). La directive a été adoptée par une large majorité avec 560 voix pour, 35 contre et 28 abstentions. La plupart des députés européens se sont félicités de l'initiative de la Commission européenne et a appelé à la poursuite des travaux sur les plastiques, depuis les micro et nanoplastiques jusqu’aux aux perturbateurs endocriniens. Toutefois, certains députés ont également partagé leurs préoccupations concernant la rapidité du processus législatif, les pertes d'emplois et le danger de politiques court-termistes qui ne prennent pas en compte les autres matériaux à usage unique, les solutions de remplacement et le manque général d'application par les États membres. La publication du texte au Journal Officiel de l’Union européenne est attendue en avril/mai 2019. Les Etats membres auront deux ans pour transposer ces dispositions dans le droit national. En France, ceci sera fait dans le cadre du projet de loi sur l’Economie Circulaire attendu pour l’été.
Parmi les principales mesures de la directive Single Use Plastics, figurent :
- l’interdiction de la mise sur le marché et de l’utilisation d’une dizaine d’objets en plastique à usage unique : touillettes, pailles, couverts, assiettes, coton-tiges, contenants en plastiques oxo-dégradables ou en polystyrène expansé (gobelets, emballages de fast-food, etc.),
- l’obligation pour les contenants de boissons à disposer d’un bouchon solidaire de la bouteille d’ici mai 2024,
- la limitation de l’utilisation de produits en plastique sans solutions de remplacement simples. Les Etats membres doivent réduire leur consommation d’emballages plastiques à usage unique (non interdits) de 25 % d’ici 2025,
- la réduction des déchets de filtres à cigarettes en plastique de 50 % d'ici 2025 et de 80 % d'ici 2030 avec mise en place d’un système de responsabilité élargie du producteur (REP),
- l’obligation de collecter 77% des bouteilles de boissons en plastique à usage unique d’ici 2025 et 90 % en 2029, par exemple par le biais de systèmes de consignes,
- l’intégration d’au minium de 25 % de matière recyclée dans les bouteilles en plastique d’ici 2025 et de 30 % d’ici 2030.
Quelles alternatives pour les couverts et les pailles ?
Pour les contenants à usage unique en plastique (et notamment en polystyrène expansé), les alternatives ont déjà largement été déployées avec, par exemple, l’utilisation de barquettes en carton ou en cellulose moulée dans les enseignes de vente à emporter. Les gobelets en plastique peuvent également être remplacés par des gobelets en carton. Mais la couche de polyéthylène thermocollée qui leur est ajoutée pose problème, à la fois en termes de recyclage et d’éco-conception. Dans le domaine des couverts jetables, des alternatives apparaissent en plastiques biosourcés mais aussi en bois. Cependant, pour qui a déjà léché une cuiller en bois, l’expérience utilisateur est souvent … dégradée ...
Du côté des pailles, les initiatives se multiplient également. Mais la difficulté réside dans la capacité à répondre à toutes les exigences : qualité de l’expérience consommateur, résistance à l’humidité, à la chaleur éventuellement, recyclabilité ou compostabilité, aptitude au contact alimentaire, etc. Par exemple, Stora Enso et la start-up Sulapac ont uni leurs forces pour développer une paille renouvelable et biodégradable en matériau composite fait de bois et de liants naturels. Elles sont conçues pour être recyclables et biodégradables dans le compostage industriel et en milieu marin. Le matériau de Sulapac fonctionne dans les lignes d’extrusion existantes et l’objectif est une commercialisation des pailles dans le courant du second trimestre 2019.
A ce jour, beaucoup ont déjà pris l’option des pailles en papier comme Nestlé ou KFC. Chez KFC, les pailles en plastique ont été remplacées par des pailles en papier début 2019, disponibles uniquement sur demande au comptoir. Le fabricant d’emballages en carton SIG propose depuis début 2019 une alternative en papier prête à être commercialisée. « Nous avons travaillé en étroite collaboration avec un partenaire pour développer cette solution innovante et exclusive qui rend la paille de papier suffisamment robuste pour percer l’opercule des briques aseptiques de SIG. L'emballage de la paille a également été redessiné pour aider à prévenir les déchets en restant attaché à l'emballage afin d’être recyclé avec le reste du carton », indique le constructeur de solutions d’emballage. Son concurrent Tetra Pak a aussi pour objectif de lancer prochainement une paille en papier adaptée à ses emballages carton en portion.
Des pailles en pâtes alimentaires
Huhtamaki propose également de nouvelles pailles en papier fabriquées à partir de fibres provenant de forêts gérées de manière durable. Elles ont été testées et certifiées pour la sécurité alimentaire en Europe, en Chine et aux États-Unis. « Nos pailles en papier sont conçues pour être solides, fiables et fonctionnelles, sans odeur. Nous avons investi dans de nouvelles machines spécialement conçues pour offrir des produits de qualité supérieure et proposer de nouvelles variantes de tailles », déclare Neal McCone chez Huhtamaki Foodservice qui fournit, par exemple, Mc Donald’s.
Tandis que des pailles comestibles aromatisées (Sorbos) ou des pailles en verre réutilisables (FW-Glas) arrivent sur le marché, Panzani a récemment surpris tout le monde en proposant des pailles … en pâtes. En Avril 2019, Panzani Food Service lancera ainsi Panza Paille sur le marché de la restauration hors-foyer. Panza Paille est composée de blé et d’eau. Elle est donc entièrement biodégradable et compostable. « En plus d’offrir un sirotage 100% naturel aux convives, elle s’affiche comme l’une des alternatives aux pailles en plastique les plus séduisantes en terme de prix, indique Panzani. Les pailles de 250 mm de long et de 7,4 mm de diamètre seront conditionnées dans des sachets de 60 pailles vendus 2,15 € HT, soit 0,036 € la paille. »