Emballage
«Inscrivons dans la loi la sortie du plastique pétrosourcé d’ici 2040"
Vous avez présenté le 4 mars dernier un rapport intitulé « Stop à la pollution plastique ». En quoi consiste-t-il ?
Quand on prend conscience que 20 % du pétrole utilisé en 2050 le sera pour le plastique, ça interroge ! Ce rapport définit les enjeux de notre société face à un usage immodéré du plastique d’origine fossile, de son risque pour la santé humaine, de la pollution des océans et l’impact sur la biodiversité. C’est le fruit de six mois de consultations auprès de représentants de toute la chaîne de valeur. Le rapport contient 49 mesures pour reprendre la main sur le bon usage des plastiques dans notre quotidien et pour faire de la France un leader de la lutte contre les contaminations. C’est une trajectoire avec des jalons qui laisse le temps à l’économie du plastique de se transformer.
Quelles sont les principales mesures ?
Ma priorité est que les deux premières mesures phares fassent partie des piliers de la future loi sur l’économie circulaire de juillet 2019 pour engager sans délai les mutations indispensables : sortir du plastique issu du pétrole d'ici 2040 et créer l’Agence Nationale du Plastique. Celle-ci a vocation à être un lieu de concertation, doté d’un conseil d’administration large à l’image de l’Agence française pour la Biodiversité qui rassemble les ONG, les chasseurs, les gestionnaires de forêts, etc. Là on réunirait les fabricants de polymères, d’emballages, les recycleurs, en passant par les utilisateurs, les associations, les ONG, les Pouvoirs publics, etc. L’Agence s’appuierait sur un comité scientifique, de façon à sortir de l’hystérisation et rentrer dans une phase de dialogue permanent. Elle bénéficierait de fonds d’intervention qui pourraient réunir tous les fonds dispersés déjà existants, abondés par des moyens publics et privés. Cette Agence a vocation à devenir internationale, car la pollution plastique est planétaire.
Peut-on réellement avancer avec 40 personnes autour de la table ?
L’important c’est de s’y mettre et de créer une structure dédiée. Regardez Volkswagen qui veut devenir le champion du véhicule électrique d’ici 2025. Pour ça, le groupe a créé une structure ad hoc. L’Agence Nationale du Plastique aura vocation à agir sur les cinq leviers de l’action politique : la fiscalité, la réglementation, les incitations et soutiens économiques, la formation et l’information, la diplomatie. Car je ne crois pas à l’efficacité des actions basées sur le seul volontariat. Dans l’exemple du Pacte National sur les emballages plastiques, il s’agit d’une dizaine d’entreprises qui font davantage leur pub que remettre en cause leur modèle en profondeur.
Qu’en est-il des 47 autres propositions ?
Les 47 autres servent de boîte à outils que nous allons affiner d’ici juin. Par exemple, on trouve un plan quinquennal avec l’interdiction tous les cinq ans d’une nouvelle liste de produits dont l’impact sur les écosystèmes est néfaste. On a aussi l’interdiction du terme biodégradable au profit de compostable, la fixation de droits d'accises au-delà d’un seuil d’utilisation de plastiques. Mais on milite aussi en faveur de mesures incitatives pour recycler et innover.
En attendant, un de vos amendements anti-plastique intégré à la loi Egalim a été lui-même amendé par les Sénateurs dans le cadre de la loi Pacte. Les interdictions vont-elles être reportées à 2021 ?
Nous avons voté en Commission mardi soir dernier l’amendement des sénateurs pour reporter à 2021 l’interdiction des plastiques à usage unique. Restera à voir si le Gouvernement maintient à 2021 ou ramène à 2020. Mais j’ai rajouté des produits à la liste d'interdictions pour 2021 comme les emballages en plastique pour fleurs coupées ou certains goodies.
François-Michel Lambert sera à la tribune des Ateliers de l’Emballage le 18 juin à Rennes, un événement organisé par Process Alimentaire sur le thème : « Face aux enjeux d’éco-conception, quelle(s) solution(s) ? » en partenariat avec Virgin Bio Pack. Le programme complet est disponible ici.