Xavier Beulin, président de la FNSEA et président du groupe Avril, est décédé dimanche 19 février 2017 d'une crise cardiaque. Crédit photo : Yann Cainjo.

Un grand défenseur de l' agriculture française vient de s'éteindre. Xavier Beulin, président de la FNSEA et président du groupe Avril, est décédé brutalement dimanche 19 février, à l'âge de 58 ans. Comme Jean-Michel Lemétayer en 2013, son prédécesseur à la tête du puissant syndicat agricole, il a été emporté par un accident cardio-vasculaire.

Travailleur infatigable et passionné, Xavier Beulin était un céréalier implanté dans le Loiret. Il avait repris l'exploitation familiale en 1976, après le décès de son père. Convaincu du potentiel de l'agriculture française, il s'était engagé pour défendre une logique de filière, avec de solides ambitions économiques, en France et à l'international.

Il avait ainsi gravi les échelons prenant la présidence de Sofiproteol en 2000 puis d'Avril en 2014, suite au changement de nom, mené sous son impulsion, avec la ferme intention de construire un groupe agroalimentaire de premier plan au niveau national et d'envergure internationale. Il avait été élu président de la FNSEA en 2010 et s’apprêtait à briguer un troisième mandat.

« Engagé depuis l'âge de 17 ans pour l'agriculture, Xavier Beulin a donné au syndicalisme et aux filières agricoles des lettres de noblesse et un élan incomparable », a réagi la FNSEA. « Xavier Beulin était un pilier du mouvement syndical agricole. J'ai toujours respecté son engagement syndical et son engagement pour l’agriculture en général. Sa disparition est une nouvelle terrible pour la FNSEA et pour le syndicalisme agricole dans son ensemble », a commenté Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture et de l'agroalimentaire.

Les réactions à cette disparition brutale sont nombreuses. Elles mettent en exergue un homme bataillant pour une agriculture forte et ambitieuse, selon le modèle construit par la filière oléagineuse.

« A titre personnel, j'ai perdu un homme avec qui j'aimais débattre, agir et construire. Une homme franc, une vision et une exigence nous ont quittés », a regretté Jean-Philippe Girard, président de l'Ania (Association Nationale des Industries Alimentaires). « Au delà de certains désaccords, nous nous sommes toujours retrouvés sur notre volonté commune à fédérer les acteurs, les mettre en mouvement et à agir de façon pragmatique pour le bien de l'ensemble de la filière et de la France, à court, moyen et long terme. « Il portait une véritable vision pour la France, comme pilier de l'Europe, au sein d'un marché désormais mondialisé. Il avait cette capacité à oser, à se projeter dans les défis à venir, à articuler les enjeux locaux et les mutations globales, à ne pas laisser la nostalgie du passé nous paralyser ».

Le groupe Avril porte le deuil d' « un « grand leader » et garde le souvenir d'un homme engagé ayant œuvré sans relâche au développement de l’agriculture française ». « Nous retiendrons de Xavier Beulin son énergie, son charisme et sa vision qui ont permis l'émergence de ce qui est aujourd'hui un champion français ; son legs est énorme ».

« Tout en ne niant pas les difficultés, Xavier Beulin croyait comme nous au bel avenir du secteur agricole. Grand connaisseur des filières agroalimentaires de l’Ouest de la France, il nous a inlassablement indiqué le cap du dialogue et de la confiance réciproque. Il savait que pour réussir durablement il nous faut impliquer et rapprocher tous les acteurs de la chaîne alimentaire, des producteurs jusqu'aux distributeurs en passant par les industriels », a indiqué Olivier Clanchin, président de l'ABEA (Association bretonne des entreprises agroalimentaires).

Pour la Fédération française des producteurs d'oléagineux et de protéagineux (FOP), dont il avait pris la présidence en 1999, « Xavier Beulin a, par son action, complété le sens déjà riche du mot syndicalisme en voulait en faire la clef de voûte incontournable du toute démarche de filière. Avec pour valeurs : « une agriculture diversifiée qui se se bat tous les jours sur tous les marchés pour faire gagner la France : une France qui produit, entreprend, ose, innove, investit, une France solidement ancrée dans l'Europe et consciente de ses responsabilités mondiales, une France prête à relever défis alimentaires et enjeux non alimentaires en conjuguant modernité et environnement, compétitivité et emplois, territoire et économie ».

« Il avait à cœur de renforcer la structuration des filières pour que les agriculteurs, dans toute leur diversité, puissent vivre de leur métier », ont réagi les Jeunes Agriculteurs, l'organisation dans laquelle il avait commencé sa carrière syndicale, dans le Loiret.

Coop de France a aussi réagi à la disparition de cet « avocat d'une agriculture organisée par les agriculteurs eux-mêmes ». « Tout au long de sa carrière, cet homme d'exception a fondé ses convictions sur le savoir, les nouvelles technologies, l'organisation des agriculteurs en filière et la création de valeur au plus près des marchés. Il s'était opposé avec force à la sur-administration et à l'abandon par les politiques publiques d'un secteur économique stratégique pour notre continent ».