Les gagnants et les perdants de l’ultra-frais laitier
Danone, Lactalis, Laïta, Alsace Lait, Marie Morin, Yoplait, Rians, Eurial, la Laiterie Saint-Père, La Fermière, etc. Le 5 avril dernier, les 22 coopératives ou entreprises privées représentant 80 % du marché des produits laitiers frais en France se sont réunies lors de l'assemblée générale de Syndifrais. L’occasion de rappeler qu’elles évoluent dans un contexte de marché global structurellement en décroissance depuis six ans au moins. 3 millions de tonnes de produits (yaourts, desserts, crème fraîche, fromages frais) ont été produits en France en 2018, en repli de 1,6 % par rapport à 2017 selon France Agrimer. « Ce sont 130 000 tonnes qui se sont évaporées du marché, ce qui équivaut à une grosse usine de production ou à deux petites », éclaire Jérôme Servières, président de Syndifrais et dirigeant de Yéo.
En grande distribution (hypers, supers, proxi, hard-discount et drive), les ventes ont, quant à elles, reculé d’1,9 % en volumes et de 0,2 % en valeur. L’univers ultra-frais reste toutefois le premier rayon de la distribution en valeur, talonné de près par le traiteur libre-service. « Trois phénomènes expliquent cette dynamique baissière, commente le président. D’abord la déconsommation liée à la déstructuration des repas. Ensuite le phénomène anti-lait et enfin le transfert de consommation vers des produits végétaux. »
Quelques bastions résistent tels que la crème fraîche (+ 1,1 %), utilisée comme aide culinaire, les laits et produits laitiers à base de laits alternatifs (chèvre, brebis, etc.), l’ultra-frais bio ( +17,3 % en volume et + 20 % en valeur) ainsi que les marques régionales qui se valorisent mieux que le reste de l’offre. Ces dernières pèsent désormais 5 % des volumes et 10 % de la valeur du marché. Les grandes perdantes sont les marques nationales (52,9 % du marché) car les marques de distributeur, elles, ont réussi à se stabiliser en volume et même à se revaloriser de 1,2 %. Ce phénomène devrait encore s'accentuer avec l'entrée en vigueur de la loi Alimentation qui a élevé de 10 % le seuil de revente à perte et limite les volumes promotionnels des marques nationales.