Terres Inovia prévoit 4 scénarios pour les huiles et les protéines végétales en 2030
Après trois ans de concertation avec des experts, l'institut technique des huiles et protéines végétales Terres Inovia a rédigé une étude sur les scénarios possibles pouvant toucher la filière en 2030. Quatre options sont envisagées :
-« Vers le chaos » : En raison de la forte population mondiale et des effets du changement climatique, la situation est tendue pour répondre à la demande alimentaire. La crise économique génère tensions, insécurité et appauvrissement général. Les protéines animales restent un produit de luxe : leur consommation régresse en Europe (où les protéines végétales sont mieux acceptées) et plafonne ailleurs. Avec un prix de l’énergie déprimé, les biocarburants G1 ne subsistent que pour écouler les surplus issus du palme et du soja. L’augmentation du coût de l’alimentation entraîne un recours accru aux protéines végétales. Du côté des huiles, l’huile de palme, abondante et peu chère, domine dans le secteur de l’alimentation humaine.
-« La raison des blocs » : Le changement climatique entraîne des effets contrastés entre régions : les intérêts divergent et les négociations internationales sont bloquées. L’Europe et les pays les plus concernés mettent en œuvre des politiques unilatérales contre le changement climatique, dans une ambiance de protectionnisme latent. Les rendements – et la production mondiale – augmentent lentement pour une population qui croît de 15 % entre 2013 et 2030. L’économie suit le rythme de la démographie et le niveau de vie est maintenu en moyenne. Le végétalisme monte en Europe alors que la consommation de protéines animales progresse en Chine et en Afrique.
- « Confiance » : Les nations perçoivent la menace du changement climatique et l’intègrent dans leurs politiques, créant une coopération internationale pour relever les défis climatique, alimentaire et énergétique tout en maintenant le libre-échange. Une croissance verte est lancée, basée sur les avancées en R&D et la mise en place de normes négociées et de dispositifs d’accompagnement, où l’Europe est leader. Les consommateurs européens, sensibilisés aux recommandations nutritionnelles et à l’impact carbone des modes de production et de consommation, se tournent vers un régime alimentaire à faible impact environnemental. Au contraire, l’amélioration des conditions de vie liée à une croissance modérée de la population et à l’aisance économique entraîne l’augmentation de la consommation de protéines animales dans de nombreux pays (Afrique, Chine, mais aussi Inde), faisant exploser la demande pour l’alimentation animale. Le soja est largement cultivé pour l’alimentation des élevages.
-« La rupture climatique » : La forte croissance de la population mondiale et les effets du changement climatique mettent la production agricole sous pression et font plafonner les rendements. Cela conduit les Etats à négocier et à coopérer dans l’urgence tant sur les politiques environnementales qu’au niveau des transferts de technologie et de la répartition des efforts économiques entre pays du Sud et du Nord. Les avancées en R&D sont mises en avant pour s’adapter aux contraintes et générer la croissance verte, ouvrant des applications aux OGM, à la chimie verte, à la mise en place d’une énergie circulaire avec de la bioraffinerie de proximité. Porté au début par la croissance économique, le développement de la consommation de protéines animales se révèle vite insoutenable et plafonne en Afrique et en Asie. Les consommateurs européens, sensibilisés par les pouvoirs publics aux questions de durabilité et de santé, optent pour une alimentation moins riche en protéines animales.
Globalement, la gestion du changement climatique va beaucoup jouer dans ces scénarios. De plus, on sait déjà que la tension sur l'approvisionnement en protéines sera une réelle problématique l’échelle mondiale d'ici 2030. L’importance prise par les protéines végétales pour l’alimentation humaine, sous forme transformée ou non, varie selon les scénarios, ainsi que leurs conditions de valorisation et leurs marchés. Les rendements protéiques des différentes cultures détermineront leur compétitivité pour les utilisations.