De l’eau, des nutriments et des vitamines, ainsi que du dioxyde de carbone sont utilisés par Solar Foods pour produire "Solein" par fermentation bactérienne. L’ingrédient est composé de 50 % de protéines, incluant tous les acides aminés essentiels, 5-10 % de matières grasses et 20-25 % de glucides, pour un goût proche de la farine de blé. La teneur protéique a vocation à s'améliorer.
Produite hors-sol dans des réacteurs, cette protéine sans impact carbone est présentée comme plus écologique que les protéines animales et végétales. La start-up explique que produire 1 kg de Solein nécessite 10 litres d’eau, contre 2500 litres pour le soja et 15 500 litres pour le bœuf. Le rendement à l’hectare est aussi dix fois supérieur à celui du soja.
Des arguments qui ont séduit le groupe finlandais Fazer qui a noué un partenariat avec la start-up.
Un programme dérivé de la NASA
Solar Foods explique que le concept est dérivé d’un programme de la NASA et qu’il a été développé par le Technical Research Centre of Finland et l’Université Technologique de Lappenranta. Imaginé dans l'intention première de produire des protéines pour des voyages dans l’espace, le process s'avère au sol une alternative à l’élevage ou à l’agriculture, en particulier dans des zones qui n’y sont pas propices.
Fazer s’occupera des recherches sur l’ingrédient et ses applications en agro-alimentaire. La protéine sera aussi testée quant à sa sécurité alimentaire et devra faire l’objet d’une autorisation Novel Food pour être commercialisée en Europe. « La sécurité sanitaire et le goût seront toujours nos fers de lance. Notre but est de développer notre croissance en Europe du Nord et ailleurs grâce à des produits durables et qui ont vraiment un sens », explique Christoph Vitzthum, p-dg de Fazer. Ce partenariat devrait permettre au groupe finlandais de se rapprocher des quatre objectifs qu'il s'est fixé d’ici 2030 : -50 % d’émissions de gaz à effet de serre, -50 % de gaspillage alimentaire, 100 % de matières premières d’origine durable et plus d’ingrédients végétaux.
Quel futur pour cette protéine?
Selon les premiers plannings de Solar Foods, cette protéine devrait être commercialisée fin 2021 si l’autorisation Novel Food est obtenue l’an prochain. La start-up finlandaise espère l’utiliser dans 2 milliards de repas par an en 2023 et générer un revenu de 725 à 1090 millions d’euros à cette date.
Reste à savoir si cette protéine issue de fermentation sera commercialisée à un prix aussi compétitif que celui des protéines animales et végétales et si elle rencontrera davantage de succès auprès des consommateurs que les protéines alternatives issues d’algues, de champignons ou d’insectes. Selon The Guardian, le prix de production avoisinerait 5 €/kg.