Qualité

Haro sur l’acrylamide en Europe

11 mars 2019 - Marjolaine Cérou

Le Bureau européen des unions de consommateurs plaide pour l’intégration de nouvelles mesures d’atténuation, en particulier pour la réduction de la présence d’acrylamide dans les chips de légumes dont la teneur est deux fois supérieure à celle des chips de pomme de terre. Crédit : Adobe Stock.

Plus d’efforts pour protéger les consommateurs de l’acrylamide dans les denrées alimentaires, c’est ce que demande le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc) à la Commission européenne. De nouveaux tests réalisés par dix de ses associations de consommateurs dont 60 Millions de consommateurs pour la France mettent en exergue des niveaux encore trop élevés d’acrylamide. En particulier pour les aliments dédiés aux moins de trois ans. Sur les 532 échantillons analysés, 13 % des produits baby food testés sont au dessus des valeurs de référence. Mais surtout le Beuc alerte sur les biscuits et gaufrettes qui sont en grande partie consommés par les enfants de moins de trois ans. Selon les tests effectués, 63,6 % de ces produits se retrouvent au dessus de la valeur de référence.

Des chips de légumes pas si saines

Le Bureau demande également de mettre en place une valeur de référence pour les chips de légumes (carotte, betterave, panais), dont la teneur moyenne en acrylamide est deux fois plus élevée que celle des chips de pomme de terre ( 1121 µg/ kg contre 457 µg/kg). « Toutefois, ces produits sont présentés comme des alternatives plus saines que les chips de pomme de terre. La Commission devrait définir des valeurs de référence pour ces snacks en vogue», souligne Monique Goyens, directrice général du Beuc.

Une nouvelle étude

Cette demande intervient un an après la publication du règlement européen 2017/2158 qui établit des mesures d’atténuation et des teneurs de référence pour la réduction de la présence d’acrylamide dans les aliments et qui demande aux opérateurs de les justifier (lire Mai 2018, p98). Ce fait suite à l’avis publié en 2015 par le groupe Contam (Contaminants de la chaîne alimentaire), composé d’experts de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), qui a pointé du doigt l’effet cancérogène de l’acrylamide pour les consommateurs de tous les groupes d’âge. Pour rappel, l’acrylamide apparaît lors de la réaction de Maillard, lors de l’application de traitements thermiques sur des aliments contenant de l’asparagine et des sucres réducteurs. Il a été classé comme cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Une nouvelle étude publiée le 7 mars par le CIRC vient de mettre en évidence un mécanisme d’apparition de mutations génétiques en lien avec la présence d’acrylamide, et de son métabolite le glycidamide.

En France, les opérateurs de la filière agroalimentaire ont toujours été proactifs sur cette thématique. L’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania) vient de publier un guide dédié à la gestion de l’acrylamide. Fruit d’un travail collectif avec plusieurs syndicats professionnels, son objectif est d’aider les entreprises à mettre en place des mesures d’atténuation afin de réduire la présence du composé néoformé. Enfin, selon la DGCCRF, en complément des mesures de gestion des risques définies par le règlement 2017/2158, la fixation de teneurs maximales réglementaires en acrylamide dans certaines denrées est envisagée.

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