Près de 160 professionnels ont participé à la 2nde édition de Meet'in Agro, à Paris-Palais Brongniart le 9 octobre dernier.

L’usine en mode clean label : les enseignements de Meet’in Agro 2019

11 octobre 2019 - Pierre Christen

Sous l’effet accélérateur des applis de notation, un mouvement de fond d’amélioration des recettes est engagé. Quelles alternatives aux additifs ? Comment améliorer les profils nutritionnels ? Dans quel cadre réglementaire ? De nombreux éléments de réponse ont été donnés le 9 octobre à Paris, lors de la seconde édition de Meet’in Agro – Les Rencontres de l’Agroalimentaire, placée sous le thème de l’usine en mode clean label.

 

Le salon d’honneur du Palais Brongniart a fait le plein le 9 octobre dernier. Preuve que le clean label est au centre des préoccupations, plus de 160 professionnels ont participé à la seconde édition de Meet’in Agro, un événement co-organisé par Process Alimentaire et le CFIA, avec pour partenaires André Bazin, Essor Agro et Kersia.

L'impact de Yuka

Plus intransigeants que jamais, les consommateurs ne veulent plus de compromis et aspirent à des produits alimentaires les plus « cleans » possibles avec, en premier lieu, des listes d’ingrédients courtes et compréhensibles. Armés de leurs smartphones, ils scannent les packs et n’hésitent pas à bannir du caddie les produits mal notés. Selon l’étude de l’appli Yuka, 95 % de ses 13 millions d'utilisateurs ont arrêté d'acheter des produits contenant des additifs controversés et 51 % d’entre eux écartent entre 4 et 9 produits.

Isabelle Kaiffer, directrice Consumer & Shopper Insights de Nielsen, a présenté la multitude d’initiatives des fabricants et distributeurs pour répondre à cette attente de fond. Et leurs fortunes diverses dans les linéaires. Elle a pointé le risque de confusion en s’appuyant sur l’exemple du jambon 4 tranches en supermarché. « 30 références de jambons spécifiques, c’est trop ! L’enjeu est d’assainir les produits en le faisant savoir via un label clair », analyse-t-elle. En la matière, le local apparaît comme la garantie la plus puissante aux yeux des consommateurs.

Des solutions et des mises en garde

La nutritionniste Béatrice de Reynal , CEO de Nutrimarketing. Puis Géraldine Gourlaouen, responsable du pôle R&D et conseil de Foodinnov, ont détaillé les pistes possibles pour alléger les listes d’ingrédients : des colouring foodstuffs aux nouvelles technologies comme les hautes pressions ou les micro-ondes. En veillant à adresser des mises en garde. Car les autorités de contrôle veillent au grain. Mélanie Le Plaine-Mileur (Synpa, ingrédients de spécialité) a mis en exergue la décision d‘interprétation des Etats membres de l’Union européenne en date de septembre 2018 : tous les extraits de plantes riches en constituants (ou précurseurs) capables d’exercer une fonction technologique doivent relever de la réglementation additifs. De son côté, Cécile Pinel (SNIAA, arômes) a rappelé la réglementation relative aux arômes naturels et fait le point sur les dernières évolutions liées au nouveau règlement bio. Une fois ce cadre réglementaire pris en compte, Meet’in Agro a permis de constater combien répondre à la pluralité des attentes clean label demande de revoir ses méthodes de fabrication et de formulation. « C’est 50 ans de R&D à refaire », a conclu Géraldine Gourlaouen.

Des témoignages de fabricants ont illustré ce constat. Tel Philippe Chancerel, directeur scientifique du groupe Jean Hénaff. "La simplicité des recettes du pâté et de la saucisse Hénaff sont le fruit de la maîtrise qualitative des approvisionnements, notamment car l’entreprise est la dernière charcuterie à posséder un abattoir intégré", a-t-il expliqué. Olivier Morel, CEO de Gelagri, a illustré le projet d'éviction des arômes dans les recettes de plats cuisinés destinées à l'enseigne Picard. Il a mis en avant l’ambition de la filiale de la coopérative Triskalia de devenir le leader de l’agro-écologie à cinq ans.

 

Durant la table-ronde "Aller au delà du clean label", Gabriel Bernier, co-fondateur de l'Atelier à Croc, a décrit les trois piliers de la jeune entreprise : snack, équilibre nutritionnel et soutien à la filière légumineuses française. Le tout à partir d'une recette sans additifs, notée A au Nutri-Score. Un témoignage complété par ceux de Marie-Laure d'Hoop, directrice Communication & RSE – Jacquet Brossard et de Camila Garcia Quijano, responsable RSE et Nature de Blédina.

Durant la table-ronde "Aller au delà du clean label", Gabriel Bernier, co-fondateur de l'Atelier à Croc, a décrit les trois piliers de la jeune entreprise : snack, équilibre nutritionnel et soutien à la filière légumineuses française. Le tout à partir d'une recette sans additifs, notée A au Nutri-Score. Un témoignage complété par ceux de Marie-Laure d'Hoop, directrice Communication & RSE – Jacquet Brossard et de Camila Garcia Quijano, responsable RSE et Nature de Blédina.

Une question de transparence

L’après-midi, une table-ronde a réuni Marie-Laure D’Hoop, directrice Communication & RSE de Jacquet Brossard, Camila Garcia, responsable RSE et Nature de Blédina, et Gabriel Bernier, président de l’Atelier à Croc. Leur point de départ : répondre à l'attente de transparence. Blédina est l’entreprise française la plus importante à s’être engagée dans la certification B-Corp. « Plus qu’une certification, c'est une communauté d’entreprises engagées qui veulent changer leur façon de faire », a expliqué Camila Garcia. Dans cette optique de transparence, Jacquet Brossard a fait le choix d’apposer le Nutri-Score sur ses pains et sur ses gâteaux. Marie-Laure D’Hoop a explicité également le chantier mené sur les additifs. Jeune entreprise "clean label native", l’Atelier à Croc prépare la phase d’industrialisation de ses extrudés de légumineuses . La singularité : une recette sans additifs, ni conservateurs et notée A au Nutri-Score.

 

Lors de Meet'in Agro 2019, le philosophe et essayiste Raphaël Enthoven a décrit les mécanismes à l'oeuvre derrière l'idéal de pureté, que l'on retrouve dans tous les domaines de la vie contemporaine, y compris l'alimentation.

Lors de Meet'in Agro 2019, le philosophe et essayiste Raphaël Enthoven a décrit les mécanismes à l'oeuvre derrière l'idéal de pureté, que l'on retrouve dans tous les domaines de la vie contemporaine, y compris l'alimentation.

Au final, c’est par une approche à 360° que les participants à Meet’in Agro 2019 ont pu se nourrir d’axes d’innovation tout au long de la chaîne de fabrication. Avec une forte dimension prospective grâce aux interventions de la députée Michèle Crouzier et de Daniel Nairaud du Fonds Français pour l’Alimentation et la Santé. Sans oublier la dimension philosophique d’une fantasmagorique « quête de pureté », traitée avec brio par l’intellectuel Raphaël Enthoven en fin d’après-midi.

Rendez-vous pour la 3ème édition

Cette journée, par ailleurs très riche en échanges informels lors des temps de networking, a été également l’occasion de décerner au groupe Jean Hénaff le Prix de l’Usine Alimentaire Durable 2019. Une distinction qui récompense une stratégie d’entreprise exemplaire (Lire ici).

Rendez-vous est d’ores et déjà pris à l’automne 2020 pour la 3ème édition de Meet-in Agro - Les Rencontres de l’Agroalimentaire, à Paris – Palais Brongniart.

Le Prix de l'Usine alimentaire durable, organisé avec le soutien d'Essor Agro, a été remis lors de Meet'in Agro, par Olivier de Hoest, responsable commercial du cabinet d'ingénierie.

Le Prix de l'Usine alimentaire durable, organisé avec le soutien d'Essor Agro, a été remis lors de Meet'in Agro, par Olivier de Hoest, responsable commercial du cabinet d'ingénierie.

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