La hausse des cours mondiaux du blé dur (+25 % en cinq mois) inquiète les fabricants de pâtes et de couscous en France, d’autant qu’elle s’annonce durable. Crédit photo Adobe Artem

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Les cours du blé dur s’envolent

4 novembre 2019 - Amelie Dereuder

C’est une nouvelle inquiétante pour les industriels pastiers : depuis juin, les prix du blé dur ont augmenté de plus de 25 %. Deux facteurs expliquent cet envol : une faible récolte dans les principaux pays producteurs et une qualité insuffisante pour une utilisation en alimentation humaine. La production française est, a contrario, au rendez-vous.

La situation a de quoi préoccuper les fabricants de pâtes et de couscous. Outre une hausse de 25 % des cours mondiaux en cinq mois (plus de 270 €/t fin octobre), le blé dur sera aussi de piètre qualité cette année chez les principaux pays producteurs. En France, 90 % des pâtes sont réalisées quasi-exclusivement avec cette matière première, ce qui augure des hausses de prix de revient et une problématique clef des négociations commerciales avec les distributeurs. D’après le Sifpaf CFSI (Syndicat des industriels fabricants de pâtes alimentaires de France et Comité français de la semoulerie industrielle), la hausse des cours va perdurer et s’installer durablement : la demande mondiale augmente et les stocks mondiaux en fin de campagne sont historiquement bas. Cela aura un impact sur les prix du blé dur de la prochaine campagne (2019-2020).

Faible tonnage et piètre qualité

Concrètement, trois points expliquent cet envol des cours du blé dur. Premier exportateur de blé dur, le Canada a réalisé une très mauvaise récolte, aussi bien en quantité qu’en qualité. La production passe de 5,7 millions de tonnes en 2018 à 5 millions de tonnes cette année. De plus, 20 % seulement du total sera de bonne qualité (contre 95 % l’an dernier). Et une proportion de 30 % ne sera même pas utilisable par l’industrie pastière. En Italie du Nord, les producteurs ont fait face à des problèmes qualitatifs et sanitaires. Le Maroc a aussi rencontré une mauvaise récolte, les deux pays devraient donc importer environ plusieurs millions de tonnes de blé dur pour faire tourner leurs industries, peut-être en provenance de France ou d’Espagne, où les qualités sont meilleures. Enfin, selon le Sifpaf CFSI, il existe un fort déséquilibre entre une faible production mondiale et une demande toujours plus forte. Il manquerait ainsi 2,6 millions de tonnes sur le marché cette année, ce qui creusera les stocks, déjà au plus bas depuis cinq ans. A l’inverse d’autres matières premières agricoles, il n’existe pas de mécanisme de couverture, de marché à terme ou de capacité de stockage suffisante en Europe qui pourraient limiter l’envol des cours du blé dur.

Et en France ?

En ce qui concerne la production française, les surfaces emblavées sont en baisse, mais les rendements sont à la hausse partout sauf dans le Sud-Est (semi tardif suite à la météo pluvieuse). D’après FranceAgriMer, les disponibilités sont estimées à 1,9 million de tonnes, et les exportations à 1,1 million de tonnes, dont 0,9 million de tonnes pour l’Union Européenne. De plus, le blé dur français est de bonne qualité cette année et de très bonne qualité sanitaire. Selon le rapport de FranceAgriMer en septembre dernier, les blés ont un poids spécifique élevé de 80,2 kg/hl en moyenne. 95 % des blés dépassent ainsi le seuil de 78 kg/hl. Les indices de chute de Hagberg sont élevés, et dépassent les 350 secondes en moyenne. La teneur en eau moyenne s’établit à 11,4 % et le taux de protéines est de 13,9 %. La vitrosité, conditionnée par les conditions de pluviométrie en fin de cycle et par le taux de protéines, est d’un très bon niveau avec une moyenne de 92 %. Le taux de grains mouchetés est quant à lui assez bas pour répondre à tous les cahiers des charges : 77 % des blés se situent en dessous du seuil de 3 %.

En France, le Sifpaf CFSI regroupe sept usines de pâtes et quatre de couscous, sept entreprises*, soit 1335 salariés. La consommation française est estimée à 8,4 kg de pâtes par habitant et par an et 1,5 kg de couscous par habitant et par an.

*Alpina Savoie, Heimburger, Panzani, Pastacorp, Thirion, Valfleuri et Tipiak.

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