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Beurre : les ruptures s’accumulent
Les prix du beurre n’en finissent pas de monter. Depuis juin 2016, les cours explosent. Pendant une dizaine d’années, les prix fluctuaient entre 2000 et 4000 euros la tonne, mais ils s'élèvent désormais à près de 7000 euros ! « Le prix du beurre ne cesse de grimper battant chaque semaine de nouveaux records, tandis que les cours de la poudre de lait écrémé se situent actuellement au seuil d’intervention », explique Benoît Rouyer, directeur du service économie du CNIEL. Au niveau de la demande, on observe une hausse de la consommation mondiale. Le beurre est également redevenu à la mode dans les pays occidentaux après de longues années à être décrié. En termes de production, la fin des quotas laitiers en 2015 a impacté les quantités de lait produites et leur transformation. « Les producteurs se sont plutôt orientés vers la poudre de lait, les produits laitiers et le beurre consommateur, en négligeant le débouché industriel », estime Matthieu Labbé, directeur général de la Fédération des Entrepreneurs de Boulangerie (FEB). La collecte de lait elle aussi à la baisse n’arrange pas non plus le constat. Le manque de matières premières et la hausse des cours orientent donc le beurre vers les débouchés les plus rentables.
Les industriels déjà touchés
Les industriels de la boulangerie, de la biscuiterie et de la pâtisserie, réunis dans la FEB ou l’Alliance7 ont déjà tiré l’alarme en milieu d’année, suivi par les escargotiers français via la FIAC (Fédération Française des Industries d’Aliments Conservés). Ces derniers demandent aux distributeurs « d’accepter de revoir les prix de transaction des escargots préparés. Dans le cas contraire les fabricants risquent de ne plus pouvoir faire face aux coûts de leurs approvisionnements en beurre et de ne plus pouvoir livrer. Il s’agit de répercuter dans le prix des produits finis la hausse du prix du beurre, qui n’avait pas pu être planifiée dans les prix négociés en début d’année ». Plusieurs PME ayant subi cette rupture de matières premières se retrouvent aujourd’hui au chômage technique.
Les consommateurs trinquent également
Mais voilà que cette « pénurie » devient visible pour le consommateur. Aujourd’hui, les linéaires se vident et les affichettes fleurissent. « Suite à des problèmes de fabrication, les approvisionnements de beurre seront perturbés », ou « En raison du manque de matière première, nous rencontrons des difficultés d’approvisionnement sur nos commandes de beurre » surplombent des rayons dégarnis, sans pour autant préciser que la flambée des cours n’a pas été répercutée. Les négociations ayant été fixées en février, beaucoup de fournisseurs n’ont pas vu les revalorisations espérées. Les prix en grandes surfaces, entre 5 et 6 euros le kilo de beurre, sont même en-dessous des cours de matières premières ! Ces circonstances n’encouragent pas les industriels à satisfaire ces débouchés en priorité. La situation pourrait se prolonger si les acteurs ne trouvent pas de terrain d’entente, avec de fâcheuses conséquence pour tous, y compris le consommateur qui pourrait passer la fin d'année sans beurre dans les épinards.