Ingrédients
Compléments alimentaires, les tendances 2015-2020
Depuis plusieurs années, la consommation de compléments alimentaires augmente et l’offre évolue. Focus sur les prochaines tendances avec Grégory Dubourg, directeur général de Nutrikéo, agence de conseil en stratégie nutrition.
Quelles sont les ingrédients pour compléments alimentaires qui vont se développer d'ici 2020 ?
Grégory Dubourg : Les microalgues vont devenir de plus en plus présentes. On connaît déjà la chlorelle et la spiruline, mais des travaux sont aussi menés sur la Klamath. En général, la tendance des superfruits, supergraines et superplantes va se poursuivre. La buffaloberry (du genre Sherpherdia) et la pomme de cajou (anacardier) vont sans doute remplacer le goji et l'açai. La graine de chia va continuer à prendre de l'ampleur. Le moringa va probablement faire parler de lui très prochainement. Je pense que la gemmologie -la médecine par les bourgeons- va aussi prendre son essor. En effet, grâce à des extractions plus sélectives, il est possible de se focaliser sur une partie de la plante. Le bourgeon est porteur de tout un imaginaire autour de la renaissance, qu'il est judicieux d'utiliser au niveau marketing quand la science se greffera dessus.
Au niveau de la forme galénique, vers quoi s'oriente-t-on ?
Grégory Dubourg : D'un côté, on se rapproche des formes alimentaires comme des chewing-gums, des bonbons, des barres... Il s'agit d'une adaptation au mode de vie avec une consommation nomade et du snacking. C'est aussi l'occasion de s'adresser à certaines cibles, comme les 6-12 ans, avec les friandises. Je crois qu'il y a également un intérêt à développer des galéniques liquides, surtout quand un principe actif est difficilement incorporable dans un cachet. Les ampoules et flacons de sirop peuvent être remplacées par des unidoses, des fioles, avec des formes proches des boissons fonctionnelles. J'ai aussi entendu parler de galénique intelligente ou connectée, bien que ça ne soit qu'au stade de prototype. Il est possible d'imaginer une pilule qui diffuse son actif au bon endroit au bon moment, ou qui envoie des informations sur le tractus digestif, sur la flore intestinale... mais ce n'est pas encore pour demain.
Quelles perspectives se dessinent pour les ingrédients de l'agroalimentaire ?
Grégory Dubourg : L'alimentation courante va probablement s'inspirer des ingrédients nutraceutiques, nous pouvons donc nous attendre à voir un développement des peptides laitiers bioactifs. Ils ont fait l'objet de nombreuses recherches au niveau privé et public. Les épices ne sont jusqu'à présent mis en avant que pour leurs propriétés organoleptiques. Le poivre, le curcuma, le safran pourraient aussi justifier leur présence dans des plats cuisinés pour leurs bénéfices santé. Enfin, je pense qu'on parlera de plus en plus de mycoprotéines, les protéines de champignons, comme alternative aux protéines animales. De même, les insectes devraient se rapprocher de l'alimentation courante d'ici 2030-2050. Cela n'a rien d'impossible, quand on sait qu'il y a 50 ans, les Français ne mangeaient pas de surimi et qu'il est désormais bien intégré dans notre alimentation. Cependant, il sera nécessaire d'éduquer les consommateurs sur leurs grandes valeurs nutritionnelles et environnementales. Un effort pour nommer ces nouveaux produits sera nécessaire pour qu'ils soient mieux acceptés. Par exemple, en complément alimentaire, le chitosane est mis en avant, sachant qu'il est issu de carapace de crevette...