Nutrition
Inra : vers une meilleure connaissances des phycomicronutriments
En reconnaît de plus en plus le rôle bénéfique des polyphénols et des caroténoïdes (que l'on trouve principalement dans les fruits et légumes) de notre alimentation sur la santé. Mais à la différence des vitamines et minéraux, ces « phytomicronutriments » ne sont pas indispensables à notre croissance. Pourtant, leur action anti-oxydante et anti-inflammatoire protègent d'une partie des effets du vieillissement. Leur activité peut également être hormonale, anti-microbienne, cibler le microbiote intestinal ou encore influencer la lecture donc l’expression de nos gènes.
Pourtant, avec seulement une dizaine d'allégations validée, cette famille de composés peine à valoriser ses atouts sur la santé. Cet insuccès face aux fourches caudines de l'Efsa s'explique par la diversité des phyconutriments, qui complique leur caractérisation, mais aussi par des effets moléculaires complexes à décrire et des impacts sur de nombreuses voies métaboliques. On sait que leur biodisponibilité est très réduite, qu'ils ont une faible absorption et une forte minéralisation. Souvent, le métabolite actif n’est pas connu, ce qui rend difficile l’établissement d’une allégation santé. Ils sont séparés en trois familles :
- Les terpénoïdes dont les caroténoïdes,
- Les composés phénoliques dont : provitamines A, lycopène , lutéines , acide gallique, resvératrol, acide caféique, flavanones, isoflavones, flavones, flavonols, anthocyanines...
- Les composés soufrés dont les glucosinolates
Cependant, les chercheurs, notamment ceux de l'Inra, cernent de mieux en mieux les interactions de ces composés avec notre alimentation. Sachant que ces interactions peuvent être bénéfiques mais aussi indésirables. Par exemple, les phytostérols sont plus absorbables consommés durant un repas que pris seuls. Mais les phytostérols réduisent la biodisponibilité du fer et du zinc, des micronutriments essentiels. Ce qui conduit les experts à recommander de limiter la consommation de certains aliments comme le thé, le café ou le soja, dans certains situations (femmes enceintes).
Autre exemple, des flavonoïdes du pamplemousse ont un rôle inhibiteur des enzymes antivitamines K. Ils augmentent donc le taux de coagulation, ce qui est contradictoire avec l’effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires que peuvent avoir les phytomicronutriments apportés par les agrumes. Les fortes doses peuvent induire un ciblage différent : chez les souris, les cellules sont transformées en adipocytes (cellules graisseuses) à forte dose et en ostéoblastes (cellules osseuses) à faible dose.
Enfin, les phyto-œstrogènes intéressants chez la femme en traitement hormonal peuvent perturber le cycle menstruel chez les autres ou la croissance des enfants.