Ingrédients

La noisette française peut-elle aider Ferrero ?

8 septembre 2014 - Amélie Dereuder

Récoltée début le mois de septembre, la noisette française est consommée comme fruit d'hiver. La plus grosse partie de la récolte française est commercialisée en coque, avec des fruits de gros calibres des variétés Ennis, Corabel, Fertile de Coutard. Les fruits plus petits des variétés comme Segorbe et Pauetet sont plus prisées dans le marché du décortiqué. © Africa Studio - Fotolia.com

Que ceux qui craignent une disette de Nutella se rassurent, la pénurie de noisettes et donc de pâtes à tartiner n'aura pas lieu. Ferrero a déjà prévu de moins dépendre des producteurs turcs en rachetant des entreprises ou en variant les approvisionnements. Et même la France, qui ne produit pas de noisettes décortiquées, peut apporter sa pierre à l'édifice grâce à son savoir-faire.

Le plus important pays producteur de noisettes (75 à 80% de la production mondiale), la Turquie, a subi de mauvaises récoltes de noisettes. Suite à un épisode de gel au mois de mars, la perte estimée est de 250 000 tonnes sur une capacité de 800 000 tonnes, «Soit environ 25% de moins que la normale. Cela représente aussi justement la demande annuelle de Ferrero », précise Christian Pezzini, directeur de la coopérative Unicoque, qui traite 98% de la production française. A titre d'exemple, la production en France tourne autour de 8000 tonnes.

La sévère baisse de l'offre fait grimper les prix pour l'industrie de ces fruits à coques. Ils pourraient passer de 5€ le kilo de noisettes décortiquées à 10€ selon Christian Pezzini. « La question est de savoir si les clients, les consommateurs, les distributeurs vont accepter ces hausses. Nutella ne décrochera pas, il est trop apprécié pour se permettre de ne pas acheter, même si les prix explosent. Ferrero fera le gros dos, il perdra peut être de l'argent, mais il sera toujours là l'an prochain », soutient-il. Il rappelle également que la situation s'est déjà produite en 2004 et dans les années 90. Rien a priori de catastrophique.

Pour sécuriser ses approvisionnements, Ferrero a racheté Oltan, un acteur majeur de la noisette turque et il cultive aussi ses propres noisetiers sur 10 000 ha. Il accompagne les agriculteurs pour le développement de l'arboriculture dans des pays comme l'Afrique du Sud ou l’Azerbaïdjan, afin de ne plus dépendre de la production turque. D'autant que celle-ci est à la baisse depuis quelques années. Le groupe se fournit aussi beaucoup en Italie (qui produit environ 100 000 tonnes de noisettes d'après Christian Pezzini), notamment dans le Piémont.

Le français Unicoque ne fournit pas Ferrero, puisque la production française est plutôt orientée sur la noisette en coquille, dite de bouche. Ce qui ne l'empêche pas d'être en contact avec le groupe Italien. « Nous avons plutôt des relations techniques que commerciales. Nous avons une des meilleures technologies au monde. Comme nous ne pouvions pas concurrencer le faible coût de la main-d’œuvre d'autres pays, nous avons compensé par la mécanisation. Cela nous permet d'avoir l'un des plus bas prix de revient au monde. C'est ce savoir-faire qui attire Ferrero.», termine le directeur d'Unicoque.

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