Ingrédients
La taxe "huile de palme" fait son come-back
L'idée d'une taxe spéciale sur l'huile de palme est décidément une obsession française. Les sénateurs écologistes se sont saisis du projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages pour déposer un amendement visant à instaurer une taxe additionnelle sur l’huile de palme.
Malgré le désaccord du rapporteur du texte, l’amendement a été adopté. L’auteur de l’amendement, la sénatrice de Seine Saint Denis Aline Archimbaud, a prévu en substance (cliquez ici pour lire l'amendement) que sur les huiles de palme, de palmiste et de coprah la taxe additionnelle soit fixé à 300 € par tonne en 2017 (contre 100 € actuellement), 500 € en 2018, 700 € en 2019 et 900 € à partir de 2020. Ce tarif serait relevé au 1er janvier de chaque année à compter du 1er janvier 2021.
Mise en péril de la filière durable
Dans un communiqué, l’Alliance Française pour une Huile de Palme Durable alerte sur les dangers d’une telle proposition. « Cela mettrait en péril les efforts des industriels français pour développer l’huile de palme durable, un combat dans lequel la France apparaît comme un des principaux leaders », déclare l’association que préside Guillaume Réveilhac, p-dg de Cérélia. « Nous avons le pouvoir de transformer la filière au niveau international en demandant l’excellence à nos fournisseurs en matière de durabilité environnementale. Si nous n’achetons plus demain leur huile de palme, quel sera le levier qui encouragera les producteurs à changer leurs pratiques », commente-t-il. Il est ainsi sous-entendu que l'élévation du prix de l'huile de palme pénaliserait la compétitivité de l'huile de palme durable.
La France s’est d’ailleurs engagée dans cette voie du palme durable en signant en décembre la « Déclaration d’Amsterdam », qui vise à obtenir 100 % d’huile de palme durable en Europe d’ici 2020. Par ailleurs, l’Alliance Française pour une Huile de Palme Durable démonte l’argument nutritionnel mis en avant par l’auteur de l’amendement, en rappelant que l’huile de palme n’a jamais été reconnue comme mauvaise pour la santé. Sa part dans l’alimentation des Français a été évaluée par le Credoc en 2014 à 2,8 g/j/personne, soit 1kg/an/personne, en deçà des valeurs citées dans l’amendement.
La balle est désormais dans le camp des députés, le texte devant passer en seconde lecture à l’Assemblée Nationale.