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Matières premières : l'industrie charcutière sous pression
La hausse des matières premières céréalières met par répercussion le secteur carné sous tension. Au niveau de l’amont agricole, les éleveurs s’alarment de l’explosion du prix des céréales, qui retrouve les sommets atteints en 2007-2008 ou début 2011. Les marchés à terme des productions végétales connaissent en effet une variation choc, provoquée par de mauvaises récoltes aux Etats-Unis et en Europe de l’Est, conséquences du manque de précipitations.
Selon la branche de Coop de France représentant les entreprises du secteur coopératif impliquées dans la nutrition animale, les hausses sont de 40 % pour le blé fourrager, 30 % pour l’orge et 50 % pour le maïs. Le syndicat se veut plus alarmiste encore observant la hausse spectaculaire des matières riches en protéines. Le prix du tourteau de soja a progressé de 280 à 550 €/t, soit un quasi-doublement, entraînant avec lui tous les autres tourteaux. Cette flambée des prix des matières premières pour l’alimentation animale met les industriels du porc et du bœuf en grande difficulté.
Lors du Space, salon des productions animales, qui s’est tenu à Rennes il y a deux semaines, l’industrie française de la charcuterie s’est déclarée en péril dans une lettre ouverte adressée au Président de la République. Par l’intermédiaire de la Fict, les industriels affirment que « les prix des pièces de viande atteignent des sommets et que l’explosion des prix des matières agricoles entrant dans l’alimentation animale va se poursuivre au moins jusqu’aux récoltes de l’année prochaine ». Le prix de la carcasse de porc a largement dépassé les 1,5 €/kg. Tandis que la demande asiatique et russe sur certaines pièces et coproduits de viande de porc fait enfler les prix des gras, abats, produits de tête, trimmings mais aussi poitrines.
L’enjeu se situe désormais au niveau des relations commerciales entre industriels et distributeurs. Ces hausses de prix pourront-elles être répercutées ? Fin juin, la FCD avait fait œuvre de transparence en publiant les marges nettes par rayon de ses enseignes. Argument à mettre dans la balance, le rayon charcuterie génère une marge nette de 6,1 %, soit la plus importante de celles mesurées. A comparer à la marge nette moyenne pondérée des rayons pris en compte, qui est de 1,4 %.