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Pénurie d’œufs : les professionnels tirent la sonnette d’alarme
C’est une crise sans précédent, qui génère une flambée du prix des œufs et des ovoproduits utilisés dans l’industrie, avec des hausses atteignant 230 % entre décembre 2011 et mi-mars 2012. En cause : le retard pris par une partie des élevages de poules pondeuses pour se mettre en conformité avec la directive Bien-Être n°1999/74/CE. Celle-ci impose depuis le 1er janvier une augmentation de 40 % d’espaces supplémentaires par poule ainsi que divers aménagements (perchoir, grattoir, etc.).
Une baisse de production de 10 %
Ce qui a créé une situation très tendue car très mal anticipée. En conséquence, les mises en place de poulettes en France, 1er producteur européen d’œufs, ont baissé de 13,5 % en 2011. La production d’œufs a été de 11,9 milliards en 2011 contre 13,2 miliards l’année précédente. Et cette tendance s’est accentuée depuis le début de l’année. Le déficit de production est de 21 millions d’œufs par semaine, soit une baisse de la production de 10 % par rapport à 2011, selon le Syndicat national des industriels et professionnels de l’œuf. De surcroît, cette situation n’est pas propre à la France, mais à toute l’Europe. La baisse de la production constatée sur le marché communautaire est estimée entre 10 à 15 % et pourrait atteindre 20 % à la fin du premier semestre 2012.
Les Autorités nationales (DGPAAT, DGAL et DGCCRF) et européennes (Commissaire européen de l’Agriculture) ont été alertées depuis le début de cette crise Lors du dernier comité de gestion, qui s’est réunit le 22 mars dernier, la Commission européenne a reconnu que l'interdiction des cages de batterie a causé une augmentation du prix des œufs, mais elle estime que la situation relève d’une période de transition et que les prix reviendront à la normale d’ici quelques semaines. Sauf que les industriels concernés ne sont pas de cet avis. Dans un communiqué, signé par cinq syndicats interprofessionnels(1) ils tirent la sonnette d’alarme affirmant que « la Commission européenne sous-estime l’importance et la durée de la crise des œufs ». Ils réclament des mesures immédiates.
« Nous aurions aimé que la Commission européenne prenne des mesures facilitant la circulation des ovo-produits au sein de la CE, même non-conformes, afin de détendre le marché, et d’éviter des distorsions de concurrence. Certains pays comme l’Italie ou l’Espagne sont en effet très en retard dans la mise au norme des poulaillers», indique Philippe Godard, pour la FEBPF (Fédération des entreprises de boulangeries et pâtisseries françaises).
Les industriels réclament des mesures immédiates
« Les difficultés pour s’approvisionner et pour répercuter les hausses du prix des ovo-produits auprès de la grande distribution engendre des situations de plus en plus critiques pour nos entreprises pouvant, par là-même, entraîner la disparition future d’un nombre certain d’entre elles, si rien ne devait se faire dans un avenir très proche », déclare Christine Petit, secrétaire générale du Sifpaf (Syndicat des industriels fabricants des pâtes alimentaires).
Les professionnels sont unanimes pour constater que la Commission européenne ne semble pas consciente de la gravité de la situation. « Il est pour nous urgent de redonner de la disponibilité sur le marché intérieur, en privilégiant celui-ci, afin de donner un signe fort et casser la spirale de hausse des prix actuelle des matières premières de nos industries en autorisant temporairement l’importation d’œufs coquilles de pays tiers », conclut-elle.
(1)
- Syndicat des Fabricants de Biscuits et Gâteaux de France
- Syndicat de la Panification Croustillante et Moelleuse
- Association des Entreprises de Produits Alimentaires Elaborés
- Syndicat des Industriels Fabricants de Pâtes Alimentaires
- Fédération des Entreprises de Boulangeries et Pâtisseries Françaises