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Poissons: hausse record des cours
La fin d’année s’annonce difficile pour les industriels du poisson. Entre 2016 et 2017, les cours ont flambé sur bon nombre d’espèces. Entre janvier 2016 et juillet 2017, ceux du thon listao ont bondi de 95%, ceux du thon albacore de 74%, tandis que le thon blanc a atteint +45% par rapport à 2014. Les cours des sardines enregistrent +18,5% entre la moyenne des prix de 2016 et celle relevée sur les sept premiers mois de 2017. Pour les maquereaux, les cours ont augmenté de 35% entre juillet 2016 et juillet 2017. Philippe Gendreau, p-dg du groupe Gendreau, pointe quant à lui une flambée de 80 % du prix du saumon entier et de 50 % sur les filets. « La hausse des cours du poisson touche également le bio dans les mêmes proportions, boostée par une demande en forte hausse pour laquelle l’offre ne suit pas », affirme-t-il.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette inflation. Tout d’abord, la pénurie de poissons. C’est particulièrement le cas pour le thon tropical, dont les pêches sont très faibles actuellement en raison des décisions de préservation des espèces. Au-delà de leurs obligations réglementaires (moratoires, quotas, obligations déclaratives, surveillance…), les industriels et les fournisseurs se sont engagés dans des programmes volontaires impliquant des observateurs à bord, des mesures de sélectivité, de certification, une gestion différenciée des lots, de traçabilité… A l’occasion de la conférence européenne Our Ocean menée à Malte la semaine dernière, Carrefour a par exemple déclaré que d’ici 2020, un poisson sur deux dans ses rayons poissonnerie sera d’origine durable. Ces engagements, indispensables pour répondre à la demande des consommateurs, nécessitent des moyens supplémentaires. Thai Union (propriétaire de Petit Navire) va investir 76 millions d’euros pour que 75 % de ses thons soient issus de pêches durables d’ici trois ans.
Cette baisse de production n’est pas seulement due à l’essor de pratiques de pêche moins drastiques. Les populations de thons sont aussi impactées par les très mauvaises conditions climatiques liées à El Niño et les petits pélagiques présentent d’importantes fluctuations en raison des conditions environnementales.
La conséquence de cette hausse des cours et des engagements financiers pour une pêche plus durable est un rétrécissement des marges dans l’industrie. Selon l’association des Conserveries Françaises de Poissons, les hausses déjà effectives en 2016 n’ont pas été entièrement répercutées et les fabricants doivent affronter des augmentations sur d'autres matières premières. Le cours de l’huile d’olive a gagné 20% par rapport à l’année dernière, les boîtes en métal ont augmenté de +10% depuis le début de l’année 2017, tandis que l’éco-taxe sur les emballages métalliques va grimper de +25% en 2018. Dans ce contexte, les conserveries demandent une revalorisation des prix de leurs produits, en soulignant que la guerre des prix n’est pas tenable.