Nutrition

Sans surprise, les consommateurs bio ont un meilleur régime alimentaire

15 avril 2019 - Amélie Dereuder

L’Inra a publié une nouvelle étude qui montre que les grands consommateurs de bio ont un régime alimentaire différent de ceux qui n’achètent pas ce type de produits. Globalement, leur régime est davantage en adéquation avec les recommandations nutritionnelles. Il a un moindre impact environnemental et expose moins aux pesticides. Crédit photo Adobe M.Dörr & M.Frommherz

L’Inra a mené une nouvelle enquête sur la consommation de produits bio dans la cohorte NutriNet-Santé. L'organisme de recherche et ses partenaires* ont interrogé 29 000 adultes en 2014 dans le cadre du projet français BioNutriNet qui évalue les dimensions nutritionnelles, environnementales, économiques et toxicologiques du régime bio. La méthode permet de comparer plus particulièrement l’alimentation d’un segment de population qui rassemble 20 % de non-consommateurs de produits bio avec les 20 % de volontaires qui consomment le plus de produits bio (au moins 50 % de leur alimentation).

Plus de végétaux et de nutriments

L’étude fait apparaître que, comparativement aux non-consommateurs, les grands consommateurs de produits bio ont des habitudes alimentaires différentes, avec davantage de végétaux (le rapport protéines végétales / protéines animales est de 14.29 contre 0,46) et moins de produits animaux. Ils consomment 51 % en moins de viande rouge et 38 % en moins de produits laitiers. Les plus adeptes du bio ont aussi des apports énergétiques sensiblement plus élevés : 2115 kcal / jour contre 2040 kcal / jour. Leur indice de masse corporelle est d’environ 23,2 kg/m², contre 27,3 kg/m². Les scientifiques considèrent donc qu'ils possèdent un régime alimentaire plus sain et plus riches en nutriments et qu'ils suivent davantage les recommandations nutritionnelles du PNNS.

Un moindre impact environnemental

Les équipes de l’Inra et leurs partenaires ont aussi démontré que le régime alimentaire des grands consommateurs de bio est moins impactant pour l’environnement. Il produit moins de gaz à effet de serre (3.17 kg CO2eq/jour contre 5.07 kg CO2eq/jour) et demande moins d’espace (9.51 contre 12.35 m²/jour), à cause de la composante végétale du régime. Il nécessite aussi moins d'énergie primaire (14.67 contre 19.72 MJ/jour), une donnée liée au mode de production bio.

Moins exposés aux pesticides de synthèse

Dernier point positif, les adeptes du bio subissent une moindre exposition aux résidus de pesticides de synthèse via leur alimentation. Les scientifiques ont mesuré des écarts de 23 à 100 % selon les molécules, avec une moyenne de -40 %. La réduction de l’exposition aux contaminants chimiques est expliquée par le mode de production bio, alors que la structure du régime (riche en fruits et légumes) tend à augmenter l’exposition aux pesticides.

Contrepartie, le coût de l'alimentation est plus élevé pour les grands consommateurs de bio, 8,8 €/ jour, alors que les volontaires qui se passent de bio dépensent en moyenne 7.0 €/ jour.

Pas de lien établi avec le cancer

Fin octobre 2018, les chercheurs avaient aussi publié un article dans JAMA Internal Medicine pour souligner que les consommateurs réguliers de bio ont 25 % de risques en moins de développer des cancers. Divers facteurs de risques avaient été pris en compte (alimentation, mode de vie, antécédents...). Les scientifiques ont expliqué que le lien de cause à effet n’est pas établi mais ils supposent que le régime bio pourrait limiter l’incidence de ces maladies. Deux hypothèses sont mises en avant : la moindre présence de résidus de pesticides synthétiques et des teneurs potentiellement plus élevées en certains micronutriments protecteurs (antioxydants caroténoïdes, polyphénols, vitamine C...)

*Inra, ITAB, Inserm, Bio Consom’acteurs, CHU Grenoble, Solagro, Cnam, Université Paris13.

Improvement of diet sustainability with increased level of organic food in the diet: findings from the BioNutriNet cohort.The American Journal of Clinical Nutrition, Volume 109, Issue 4, April 2019, Pages 1173–1188. Auteurs : J. Baudry, P. Pointereau, L. Seconda, R. Vidal, B. Taupier-Letage, B. Langevin, B. Allès, P. Galan, S. Hercberg, M-J. Amiot, C. Boizot-Szantai, O. Hamza, J-P. Cravedi, L. Debrauwer, L-G. Soler, D. Lairon, E. Kesse-Guyot.

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