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Sucres : le point sur les nouvelles recommandations de l'OMS
Le 4 mars dernier, l'Organisation Mondiale de la Santé a publié de nouvelles recommandations pour la consommation de sucres. Ces lignes directrices concernent l'apport en sucres libres qui ne doit pas dépasser 10% de la ration énergétique totale chez l’adulte et l’enfant. L'OMS conseille même de limiter l’apport en sucres libres à moins de 5% des calories, soit à 25 grammes (6 cuillères à café) par jour. Ces recommandations ont vocation à être traduites en politique publique dans les pays qui le souhaitent afin de limiter les risques d'obésité et de surpoids.
Concrètement, les sucres libres sont une notion différente des sucres ajoutés, plus connues des industriels et des consommateurs français. Les sucres libres sont constitués des sucres ajoutés, c'est-à-dire les monosaccharides (glucose, fructose) et les disaccharides (saccharose) ajoutés aux aliments et aux boissons par le fabricant, le cuisinier ou le consommateur, ainsi que des sucres naturellement présents dans le miel, les sirops, les jus de fruits et les jus de fruits à base de concentré. Cependant, cela ne concerne pas les sucres dans les fruits et les légumes frais ni ceux naturellement présents dans le lait.
Limiter les risques de surpoids, d’obésité et de caries dentaires
«Nous disposons de données fiables montrant qu’un apport en sucres libres inférieur à 10% de la ration énergétique totale réduit le risque de surpoids, d’obésité et de caries dentaires», a précisé Francesco Branca, directeur du département Nutrition pour la santé et le développement de l’OMS.
En réaction à ces lignes directrices, Philippe Reiser, directeur affaires scientifiques du Cedus (Organisme interprofessionnel de la filière sucre), détaille : « Nous nous réjouissons que l'OMS ait précisé qu’il n’y a pas de lien direct entre nature des sucres et prise de poids mais qu'elle ait plutôt pris en compte leur contribution aux calories en excès. » Selon l’enquête nationale de l’Institut National de Veille Sanitaire (InVS) de 2006, les apports moyens en sucres ajoutés des Français sont d'environ 10% des calories quotidiennes,« ce qui est positif même si cela signifie qu’une partie de la population en consomme sans doute au-delà de ses besoins. En termes de distribution de population, trois adultes sur quatre et un enfant sur deux satisfont à l’indicateur d’objectif nutritionnel français sur les sucres, inspiré de celui de l’OMS», explique Philippe Reiser.
Inciter des politiques de santé publiques
Selon les pays, les interventions de santé publique pour réduire l’apport en sucres libres sont de quatre ordres: étiquetage nutritionnel des produits alimentaires, limitation du marketing des aliments et des boissons non alcoolisées riches en sucres libres auprès des enfants, politiques fiscales ciblant les aliments et les boissons riches en sucres libres et dialogue avec l’industrie agroalimentaire en vue de réduire la quantité de sucre dans les aliments transformés. C'est ce dernier point qui a été privilégié par la France, avec la mise en place du PNNS (Programme National Nutrition Santé) en 2001 puis du PNA (Programme National pour l’Alimentation). Par la suite, des taxes nutritionnelles ont été instaurées, à l'instar de la taxe sur les sodas. Aujourd'hui, c'est le scoring nutritionnel et le système de feu tricolore pour "noter" les aliments qui fait débat. De leur côté, les industriels ont aussi amélioré la qualité nutritionnelle de leurs produits et ont signé des chartes d’engagement nutritionnel.
Mais pour Daniel Nairaud, directeur général du Fonds Français pour l'Alimentation et la Santé (FFAS), la priorité pour limiter la consommation de sucres est l'éducation nutritionnelle. « C'est une priorité que le gouvernement a déjà prise en compte dans sa politique publique de l’alimentation. Un des quatre axes prioritaires de cette politique est l’éducation de la jeunesse à une alimentation équilibrée et on peut raisonnablement attendre qu’elle soit à l’origine de comportements alimentaires plus favorables à la santé.»
Retrouvez sur cette page la Note d’information sur l’apport de sucres recommandé pour les adultes et les enfants dans les lignes directrices de l’OMS.