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Vers moins d’antibiotiques en alimentation animale
L’Organisation Mondiale de la Santé a lancé un appel aux éleveurs et à l’industrie alimentaire pour arrêter d’utiliser les antibiotiques sur les animaux sains. Cette recommandation a lieu dans un contexte de résistances accrues des bactéries aux antibiotiques, ce qui a de sérieux impacts sur la santé humaine. Certains bactéries responsables d’infections graves chez l’Homme sont déjà devenus résistantes à la plupart des traitements disponibles et très peu d’options thérapeutiques prometteuses sont en cours de développement pour prendre le relais. Dans certains pays, 80% des antibiotiques importants pour la médecine humaine sont consommés dans le secteur animal, et, en grande partie, pour favoriser la croissance chez des animaux sains. L’Union européenne a interdit dès2006 l’utilisation d’antibiotiques à cette fin.
Cooperl, Terrena, Fleury Michon, Herta déjà positionnés
Cette problématique sur l'usage des antibiotiques est aussi amplifié par la demande des consommateurs, inquiets de retrouver des résidus de produits chimiques dans leur alimentation. Selon le Crédoc, les principales inquiétudes des consommateurs pour la viande sont d'ailleurs les antibiotiques. Le « sans antibiotique » dans la viande a donc beaucoup de succès en France et de nombreux industriels ont déjà lancé leur gamme. C’est le cas de Brocéliande (Cooperl) et sa gamme de produits charcutiers « Bien élevés» en 2014, de Terrena et Système U en 2015 pour un lapin sans antibiotique, de Fleury Michon sous la marque « J’aime » (jambon en 2015 puis poulet en 2017 en partenariat avec Terrena), d’Herta en 2017 sur une partie de ses charcuteries ou des volailles "Planète positive" de Ronsard (Triskalia) également cette année…A noter, le sans antibiotique fait souvent références à un traitement sans antibiotiques après le sevrage, c'est à dire vers six semaines pour les porcelets.
Si le goût est un critère décisif pour les consommateurs, ils sont également très sensibles à la démarche vertueuse engagée par les éleveurs. « La quête de sens des consommateurs, davantage encore pour les jeunes générations, se vérifie en rayons », précise Thierry du Teilleul, directeur marketing de Brocéliande. La marque de Cooperl avait déjà doublé ses ventes en 2016, preuve que la démarche intéresse le grand public. Les distributeurs comme Casino, Carrefour, Intermarché ou Monoprix ont aussi pris le train en marche. Outre la viande de porc et de poulet, des œufs, du saumon, des crevettes, du veau… sont aussi disponibles dans les rayons.
Algues, probiotiques et extraits végétaux en alternative aux antibiotiques
En pratique, les antibiotiques sont remplacés par des probiotiques, des huiles essentielles, de la phytothérapie, de l’homéopathie… ID4Feed commercialise par exemple des extraits végétaux pour remplacer les antibiotiques comme facteurs de croissance. Les algues peuvent aussi se révéler efficaces : Olmix mise sur des variétés riches en micro-éléments et en antioxydants. Le but commun à ses solutions est de renforcer les défenses naturelles des animaux. L’Ifip mène des recherches sur la réduction du taux de protéines dans l’aliment de sevrage des porcs pour réduire l’incidence de pathologies digestives.
Cette montée du « sans antibiotique » en conventionnel se réalise en parallèle de la progression du bio, où les antibiotiques sont drastiquement réglementés. Cela illustre dans les deux cas une recherche d’aliments plus sains de la part des consommateurs. Mais pas seulement : les marques se contentent rarement du « sans antibiotique ». Le plus souvent, elles communiquent également sur le sans OGM, l’élevage français et le bien-être animal, autres grandes tendances.