Qualité
50% de pesticides en moins en 2018
Comment réduire « si possible » l’utilisation des pesticides de 50% d’ici 2018 ? C’est un des objectifs du Grenelle de l’environnement qui doit mettre en place des actions en ce sens dès 2014. Pour répondre à cette question, l’Inra a mobilisé 80 chercheurs, ingénieurs, spécialistes de « terrain » et techniciens agricoles pendant deux ans sous la coordination de Pierre Stengel, chercheur à l’Inra. Les résultats de cette étude baptisée Ecophyto R&D ont fait l'objet d’un colloque de restitution jeudi 28 janvier à Paris.
Calcul des effets agronomiques
La France est le premier pays consommateur de pesticides en Europe. C’est aussi l’un des premiers au monde en terme de compétitivité agricole. Le premier axe de travail pour les chercheurs a donc été d’estimer les effets agronomiques et économiques d’une réduction de l’utilisation des pesticides. « Une réduction de l’ordre de 30% du recours aux pesticides à l’échelle nationale serait possible avec des changements de pratiques substantiels, mais sans bouleversement majeur des systèmes de production, et avec des effets sur les niveaux de production et les marges variables selon les secteurs de production et les niveaux de prix », explique l’étude. En grandes cultures par exemple, la baisse de production estimée serait par exemple d’environ 6%. En revanche, une réduction de 50 % de l’utilisation de produits phytosanitaires demanderait des changements plus profonds avec une nouvelle conception des systèmes de production, des filières et des marchés, et une baisse probable de production et de rentabilité.
Leviers d’action
Parmi les leviers d’action préconisés pour changer les pratiques agricoles, les chercheurs de l’Inra proposent de mettre en place un système d’acquisition et de diffusion de références agronomiques ainsi qu’un réseau de 50 sites d’expérimentations et de 800 fermes pilotes. Détail important, les chercheurs de l’Inra n’ont pas pris en compte dans leur modèle plusieurs paramètres tels que les variations de conditions climatiques, sanitaires ou économiques, les effets sur les filières amont et aval ou encore les liens entre changements de pratiques et impact sanitaire et environnemental.
Enjeu européen
Depuis le 1er septembre 2008, le règlement européen n°396/2005 harmonise les limites maximales de résidus (LMR) de pesticides autorisés dans les denrées alimentaires. En juillet 2009, l’Agence européenne de sécurité des aliments a publié un rapport annuel dans lequel 4% des 74 305 échantillons analysés en 2008 se sont avérés non conformes aux LMR autorisées. La France se retrouve parmi les mauvais élèves avec 7,6% des échantillons dépassant ces LMR (8,16% dans les céréales). De même, la part de fruits et légumes contenant plusieurs résidus a progressé en France de 25,8% en 2007 à 32,75% en 2008.
3 sites à consulter
Les produits phytopharmaceutiques et leurs usages en France
- http://e-phy.agriculture.gouv.fr
La base de données européenne répertoriant par fruit ou légume les LMR par type de pesticides
- http://ec.europa.eu/sanco_pesticides
Le portail du RASFF (Rapid alert system for food and feed)
- http://ec.europa.eu/food/food/rapidalert