Qualité

Contaminations croisées : détecter le lait de chèvre

26 janvier 2015 - Marjolaine Cérou

Les chercheurs de l’Inra ont mis au point une méthode de détection immuno-enzymatique pour identifier la présence de lait de chèvre dans le lait de vache, les yaourts et dans d’autres matrices alimentaires.

Les allergies au lait de chèvre (sans qu'apparaisse une allergie au lait de vache) sont en forte augmentation depuis quelques années. Les chercheurs de l’Inra de l’Unité Immuno-Allergie Alimentaire à Jouy en Josas viennent d’élaborer un test de détection immuno-enzymatique pour identifier la présence de lait de chèvre. Rapide et peu coûteuse, cette méthode a été développée sur du lait de vache contaminé par du lait de chèvre.

« Les protéines du lait de chèvre responsables des réactions allergiques chez les patients tolérant le lait de vache sont essentiellement des caséines. Or, les caséines des laits de chèvre et de vache sont identiques à plus de 85% », indique Stéphane Hazebrouk, chargé de recherches au sein de l’Unité Immuno-Allergie Alimentaire. Les scientifiques ont ainsi réussi à produire des anticorps monoclonaux spécifiques des caséines caprines alpha S1, bêta et kappa. « Dans le cas de la caséine bêta, les anticorps monoclonaux reconnaissent deux domaines qui diffèrent chacun de la séquence homologue bovine par un seul acide aminé. En se basant sur la spécificité de ces anticorps monoclonaux, nous avons développé des systèmes Elisa, capables de détecter une contamination du lait de vache par du lait de chèvre de l’ordre du ppm, soit 1 microlitre de lait de chèvre dilué dans 1 litre de lait de vache », poursuit-il.

Le test de détection est réalisable en moins de 4 heures avec du lait dilué. Des travaux supplémentaires sont en cours de réalisation pour valider ce système de dosage dans différentes matrices alimentaires plus complexes ou pour l’adapter au format bandelettes. « Ce format bandelette serait susceptible d’intéresser les fabricants produisant à la fois des produits au lait bovin et au lait caprin. Cette méthode pourrait être utilisée pour vérifier l’absence de protéines de chèvre dans les eaux de rinçage », illustre Stéphane Hazebrouk.

Les allergies au lait de chèvre touchent principalement les enfants polyallergiques, avec des réactions sévères (chocs anaphylactiques) et sont déclenchées par des doses infimes. Dus à des contaminations croisées ou à l’utilisation de lait de chèvre comme ingrédient dans des aliments transformés (pizzas, lasagnes, viandes reconstituées…), notamment en tant qu’exhausteur de goût, ces accidents sont souvent liés à la présence fortuite de lait de chèvre dans du lait de vache.

Dans l'annexe II du règlement Inco (N°1169/2011) qui liste les substances ou produits provoquant des allergies ou intolérances devant être signalés dans la liste des ingrédients, le lait de vache figure parmi les allergènes majeurs mais pas le lait de chèvre. Ce qui pourrait être amené à évoluer.

Process Alimentaire - Offres d'abonnement

AU CŒUR DE L’ INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE

● Une veille complète de l’actualité du secteur agroalimentaire
● Des enquêtes et dossiers sur des thèmes stratégiques
● Des solutions techniques pour votre usine

Profitez d'une offre découverte 3 mois