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E.coli producteurs de shigatoxines : de nouveaux sérotypes émergent
Les Escherichia coli producteurs de shigatoxines – principalement retrouvés dans la viande hachée et les fromages au lait cru - peuvent entraîner l’apparition du syndrome hémolytique urémique (SHU) dans 5 à 15 % des cas de contamination. Une pathologie rare mais redoutée chez le jeune enfant car elle provoque une insuffisance rénale aiguë. Santé publique France et ses partenaires viennent de publier dans Eurosurveillance un bilan de la surveillance de la maladie entre 2007 et 2016.
Au total, 1215 cas de syndromes hémolytiques urémiques pédiatriques ont été recensés au cours de cette période. La majorité des cas a été notifiée en été. Les régions de Basse Normandie et Franche-Comté ont été les plus touchées. « Le sérogroupe O157, historiquement le plus fréquent, a atteint un pic en 2011 (37 cas) avant de décroître jusqu’en 2016 (7 cas). Il est très virulent et souvent associé à la survenue d’un syndrome hémolytique urémique. Trois épidémies majeures ont impliqué le sérotype O157 suite à la consommation de steak haché (2 épidémies) et de camembert au lait cru (1 épidémie).
La généralisation de la technique de séquençage du génome entier (WGS whole-genome sequencing) pour la surveillance des pathogènes par le Centre National de Référence a affiné la détection (lire Avril 2019,p.44). « La description des souches liées aux cas nous a permis de montrer que les sérogroupes de E.coli producteurs de shigatoxines ont évolué pendant la période d’étude », observe Mathias Bruyand de Santé publique France. Ainsi, deux sérogroupes ont clairement émergé : O26 depuis 2010 (28 cas en 2016) et O80 depuis 2012 (18 cas en 2016).
« Les sérogroupes de STEC ont évolué pendant la période d’étude »
En 2011, l'épisode lié au sérotype O104 et à la consommation de graines germées a causé sept cas de syndrome hémolytique urémique en France (6 adultes et 1 enfant), ainsi que plusieurs milliers de cas en Europe, principalement en Allemagne. Pour rappel, cet épisode a conduit à la mise en place d’un critère microbiologique.
En France, cinq sérotypes d’E.coli producteurs de shigatoxines sont étroitement surveillés en cohérence avec l’avis de l’Anses de 2010 (O157, O26, O103, O111 et O45), auxquels s'ajoutent les serotypes émergents. En 2018, les bactéries pathogènes productrices de shigatoxines ont été à l’origine de dix rappels produits: 2 concernaient 0103:H2 et 9 étaient en lien avec O26 :H11. La contamination des reblochons au lait cru de la Fromagerie Chabert par E.coli O26 a conduit à une large investigation complexe avant de retrouver l’origine de la contamination (lire Juin 2018, p.97).