Qualité
Le chlore rend les pathogènes indétectables
Un enjeu dans la prévention de la formation des biofilms est de détecter les bactéries viables non cultivables, qui comme leur nom l’indique, du fait de leur état de stress sont toujours présentes mais non identifiables par les méthodes de microbiologie classique. L’une des sources de stress présumées est l’application de produits chimiques lors du nettoyage et de la désinfection. Une étude britannique publiée dans l’American Society for Microbiology vient de démontrer que le chlore pouvait en effet conduire à cet état les pathogènes Listeria monocytogenes et Salmonella enterica pour des concentrations allant de 50 à 100 ppm de chlore. Pour les scientifiques, ces données suggèrent aussi que l'effet désinfectant attribué au chlore jusqu'à présent pourrait être tout aussi lié à l'apparition du caractère non cultivable des bactéries. La pathogénicité des souches viables non cultivables a ensuite été évaluée avec les vers Caenorhabditis elegans, mais les chercheurs n'ont pas observé de différence significative entre les bactéries cultivables et non cultivables. Ils ont également mis en évidence que le chlore n’est pas efficace pour éliminer la totalité des pathogènes.
Les expérimentations ont été réalisées sur des feuilles d’épinard fraiches fournies par l’entreprise britannique Vitacress. Le chlore est majoritairement utilisé pour le lavage des produits de quatrième gamme. De plus, les produits frais tels que les salades et épinards, souvent vendus en tant qu’aliments prêts à être consommés, se présentent comme de bons vecteurs pour les deux pathogènes. En 2016, dix-neuf cas ont été répertoriés aux États-Unis lors d’une épidémie de listeriose liée à la consommation de salades.
Une mission du RMT Chlean Pass
Pour les scientifiques, la recherche de méthodes rapides pour détecter les bactéries viables non cultivables doit se poursuivre. En France, c’est l’une des missions du RMT Chlean Pass (Conception hygiénique des lignes et équipements et amélioration de la nettoyabilité pour une alimentation saine et sûre). Labellisé en 2016, le programme du réseau Actia n’est autre que le prolongement du précédent RMT éponyme. Il est porté par le CTCPA et agréé jusqu’en décembre 2020 par le ministère de l’Alimentation.