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Les phages anti-Listeria sont-ils efficaces ?
L’ Agence nationale de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Anses) a mis en ligne son avis sur l’utilisation des bactériophages dans les denrées alimentaires d’origine animale afin de lutter contre Listeria monocytogenes. Ces solutions ont vocation à être utilisées dans certaines matrices (jambons, fromages, poissons et produits prêts à être consommés) pour éliminer la présence du pathogène.
Le comité d’experts Biorisk (Evaluation des risques biologiques dans les aliments) s’est penché sur les études bibliographiques focalisées sur le phage Listex P100. Il s’est interrogé sur l’efficacité du traitement qui semble être en lien étroit avec la concentration de phage utilisée et l’étape du process où il est inoculé. Chaque catégorie d’aliments semble avoir une dose spécifique d’application, ce qui nécessite une validation de l’efficacité du traitement pour une production donnée.
Selon les experts, le Listex P100 constitue un outil additionnel qui peut être utilisé pour la maîtrise du danger Listeria dans les aliments, en complément des bonnes pratiques d’hygiène.
Ils ont également identifié les facteurs limitant son action : la teneur en eau libre de l’aliment et l’état libre ou adsorbé du phage. A titre d’exemple, les phages Listex P100 n’ont aucun effet lorsqu’ils sont adsorbés sur la matrice en cas de recontamination post-traitement par Listeria. Mais, une fois désorbés, ils sont susceptibles de redevenir actif chez l’hôte ou dans l’environnement.
Les membres du comité se sont aussi intéressés à l’apparition de bactéries résistantes aux phages. Ils suggèrent d’utiliser des cocktails ou d’effectuer une rotation des phages pour limiter le développement de souches résistantes. Enfin, aucun effet sur la santé des consommateurs n’a également été mis en avant.
Le statut réglementaire des bactériophages n’est à ce jour pas défini au niveau européen. Plusieurs autorisations ont été accordées depuis 2006 à l’utilisation de bactériophages comme moyen de maîtrise dans l’industrie agroalimentaire (notamment aux Etats-Unis, au Canada et en Nouvelle Zélande).
En 2009, l’Efsa avait rendu un avis sur le mode d’action des bactériophages indiquant qu’il est impossible de conclure si les bactériophages permettent ou non de protéger contre la recontamination des denrées alimentaires par des pathogènes bactériens. En 2012, elle a évalué l’utilisation des bactériophages anti-Listeria pour la décontamination des poissons, mais les données soumises à évaluation n’ont pas permis de conclure à l’efficacité du traitement.