Qualité
Salmonella, un impact sanitaire modéré
Ennemi public numéro un depuis début décembre, Salmonella Agona, est mise en cause dans l’infection de 36 nourrissons de moins de six mois ayant consommé du lait en poudre produit sur le site Lactalis de Craon en Mayenne. Ce sérovar fait partie des quelques 2 000 sérotypes de Salmonella pathogènes chez l’Homme. « Salmonella Agona est connue. Elle n’a rien de plus qu’une autre salmonelle », commente Simon Le Hello, co-directeur du Centre national de référence des salmonelles dans l’unité des bactéries pathogènes entériques. Selon ce dernier, 70 souches ont été identifiées en 2017 (lire Janvier 2018, p8).
Comme la plupart des autres sérotypes de salmonelle, la bactérie se retrouve dans divers réservoirs animaux (volailles, bovins, porcs et les aliments pour animaux). Comme nous l’explique l’Institut Pasteur, ce qui distingue la souche détectée dans l’environnement de la tour de séchage n°1 de Lactalis est l’absence de résistance aux antibiotiques. « L'antibiorésistance est normalement assez fréquent pour une salmonelle », commente le co-directeur. Rappelons également que c’est ce même sérovar qui était à l’origine de la contamination du même site en 2005, alors sous pavillon Célia. D’après le bulletin épidémiologique hebdomadaire publié par l’INVS à l’époque, 141 nourrissons ont été contaminés, soit quatre fois plus qu’à l’heure actuelle. Cinquante nourrissons avaient été hospitalisé. Aucun décès n’a été constaté.
Bien qu’elle soit mis en lumière dans le cadre de la crise sanitaire chez Lactalis, la bactérie Salmonella est couramment retrouvée dans les cas d’infections d’origine alimentaire. D’après l’Anses, le pathogène représente en Europe la cause la plus fréquente d’épidémies d’origine alimentaire et la deuxième cause de maladies d’origine alimentaire. En France, il s’agit de la première bactérie confirmée dans les foyers de toxi-infections alimentaires collectives (Tiac). Selon Santé Publique France, entre 2009 et 201, 183 000 cas de toxi-infections d'origine alimentaire liées à Salmonella auraient été répertoriées. La salmonellose se manifeste dans les trois jours après ingestion par des troubles gastro-entériques (vomissements et diarrhées parfois sanglantes), mais la maladie d’origine alimentaire n’est pas mortelle. Il est toutefois recommandé de consulter un médecin pour les nourrissons, les personnes âgées et les sujets immuno-déprimés.
Les cas de salmonelloses stagnent en Europe
Salmonella est aujourd’hui un pathogène très surveillé et des mesures ont été mises en place en Europe dans les élevages dès 2007. Depuis, une baisse constante des cas de salmonellose a été identifiée, jusqu’à atteindre un palier. C’est ce qu’a révélé le dernier rapport publié par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) portant sur la surveillance des zoonoses et des maladies d'origine alimentaire en Europe pour l’année 2016. Au total, 94 530 cas ont été répertoriés en 2016 en sachant que 59 % des salmonelloses recensées étaient liées à S. enteriditis. En ce qui concerne le sérotype Salmonella Agona représentait seulement 0,6 % des contaminations cette année là.