2011-2012 : les voyants sont au rouge pour l'Ania

Fin 2010, l'agroalimentaire employait 477 000 salariés, soit une baisse de -0,6% en un an contre -4,8% sur l'ensemble de l'industrie. En 2011, le secteur pourrait perdre entre 3 000 et 5 000 emplois (Source : Xerfi/Ania)

L’Ania a présenté ce matin le bilan 2010 du secteur agroalimentaire français et les perspectives pour 2011 et 2012, en partenariat avec le groupe Xerfi.

Un secteur résistant mais qui investit peu

En 2010, l’agroalimentaire maintient son rang de premier secteur industriel français. Les volumes de production sont stables et le chiffre d’affaires du secteur est de 143 milliards d’euros, en hausse de 3% par rapport à 2009. « Une hausse qui reste à relativiser après la chute de 8% du CA du secteur entre 2008 et 2009 », précise Jean-René Buisson, président de l’Ania. Le secteur conserve également son deuxième rang en tant qu’employeur, avec 477 000 salariés (- 0,6%), et sa quatrième place d’exportateur mondial. Malgré la résistance du secteur, les chefs d’entreprises sont restés extrêmement prudents en 2010 avec des investissements en recul de 8%, qui font suite à la baisse de 14% en 2009. Les dirigeants interrogés prévoient une hausse de leurs investissements cette année (+7%), mais cela ne couvrira pas les baisses antérieures. « La reprise constatée n’est pas à la hauteur de la chute de 2009, constate Jean-René Buisson. Les entreprises n’ont pas retrouvé leur niveau d’activité, et de nombreux indicateurs sont au rouge pour 2011 et 2012 ».

De grandes tensions sur les marges

2010 marque le retour de la hausse des prix des matières premières, du pétrole, des emballages et de l’énergie . Après des négociations commerciales extrêmement tendues, les industriels ont, selon l’Ania, absorbé la majeure partie de l’impact de ces hausses. « Elles ont pris en charge 60% des hausses de matières premières, précise Jean-René Buisson. Les hausses passées sont entre 0 et 2%, là ou on attendait 4 à 5%. Cela va fragiliser encore plus les entreprises, en particulier les PME très tournées sur le marché national ». Les coûts des matières premières ayant poursuivi leur augmentation après la clôture des négociations, l’Ania craint que nombre d’entreprises se retrouvent en difficulté en 2011. Xerfi prévoit une chute de la marge brute dans le secteur en 2011, et il est fort à craindre que cette tension sur les marges se ressente à court ou moyen terme sur l’emploi. « Environ 20% des PME risquent de connaître des difficultés financières cette année, et 3 000 à 5 000 emplois sont directement menacés », estime Jean-René Buisson.

Vers de nouveaux relais de croissance

Face à ce bilan morose, le secteur va devoir trouver de nouveaux relais de croissance s’il veut conserver son leadership industriel. « L’export et la mutualisation des moyens restent des leviers prioritaires que les entreprises utilisent peu », regrette Jean-René Buisson. Il en appelle surtout à un sursaut des pouvoirs publics pour intervenir dans les relations industrie-commerce : « Nous demandons un amendement pour expliciter les conditions générales de vente et faire du prix de l’industriel, le point de départ des négociations commerciales », précise-t-il. À peine les dernières négociations terminées, les relations entre industriels et distributeurs sont loin d’être apaisées, et semblent être plus que jamais au cœur de la santé financière de l’agroalimentaire français.

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