Changement de donne au congrès mondial de la viande

19 juin 2012 - François Morel

En ouvrant le 19ème Congrès mondial de la viande, le 5 juin à Paris, Stéphane Le Foll, le nouveau Ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, (en photo avec Guillaume Roué, président du PMC), a résumé les deux grands défis de la filière, à savoir : la place de la viande dans l’alimentation et l’enjeu environnemental.

« Le monde aura à faire face à deux grands défis : la place de la viande dans l’alimentation et le défi environnemental », a déclaré Stéphane Le Foll, le nouveau Ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, en ouverture du World Meat Congress, à Paris. La question du changement des modes alimentaires : plus de viande dans les pays en développement et, à l’inverse, une diminution de la consommation des protéines animales en Europe, notamment chez les jeunes, a été au centre des débats de ce 19ème congrès.

David Nelson de Rabobank (division Food and Agribusiness research) a expliqué le contexte du marché. Parmi les facteurs structurels, il a confirmé qu’il n’y a plus d’excédents, mais plutôt une carence. Les tendances de la production agricole, en effet, n’ont pas beaucoup changé. Alors que la population mondiale augmente. Ce qui provoque l’augmentation des prix, et, en même temps, une plus grande volatilité pour les matières premières. L’augmentation du PIB (production intérieure brute) dans les pays en développement a comme conséquence une augmentation des demandes en viande et céréales.

« On s’est posé la question de savoir quels seraient les effets de la crise de 2008 – 2009 sur cette évolution à la hausse ». David Nelson de Rabobank observe que le PIB est en train de se redresser, créant une situation favorable au développement de la consommation de viande. Le deuxième facteur structurel caractérisant ce marché - illustré par la filière porc- est l’arrivée en Amérique du sud et en Asie de production à l’échelle industrielle. « Or, souligne D. Nelson, on ne peut pas nourrir 5000 cochons uniquement avec des co-produits ; il faut des céréales. » Le 3ème facteur qu’il ne faut pas oublier est la place prise par les biocarburants aux Etats –Unis. 40 % du maïs cultivé aux USA sert à produire de l’éthanol. Une tendance qui touche aussi la filière oléagineux.

A travers cette approche globale, Rabobank note l’existence de tensions sur le marché, liées par exemple à des rendements moins élevés que prévus aux Etats-Unis, aux conséquences du développement des cultures OGM qui posent des problèmes, au fait que dans beaucoup de pays ( Brésil, Russie) la production ne suit plus l‘augmentation de la demande, aux aléas des conditions climatiques. Et puis à l’émergence de grands bassins de consommation. Il s’agit bien entendu de la Chine qui importe aujourd’hui 5 MT de maïs et 7,2 MT de soja. Ces changements entre l’offre et la demande, ajoutés à l’impact des fonds spéculatifs, sont à l’origine de fluctuations qui poussent les prix à la hausse.

Plus près de nous, se pose la question des prix élevés de la viande, favorisés par les exportations. Mais quid demain de l’avenir de la filière industrielle en France ? Question aussi de l’influence de l’arrêt des quotas laitiers sur la production de viande bovine ; elle pourrait migrer vers l’Europe du sud. La production ne se maintient en France que grâce aux soutiens de Bruxelles. On s’interroge enfin sur les normes du bien –être animal, pouvant aboutir à la disparition de certains élevages. On le voit, les clés du marché global de la viande sont multi-factoriels. David Nelson a estimé, en conclusion, qu’il sera difficile pour l’Union européenne de répondre à la demande de viande dans le monde.

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