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Christophe Bonduelle: « Répondre aux attentes de plus de végétal »

11 juillet 2016 - Amélie Dereuder

Christophe Bonduelle est président directeur général du groupe Bonduelle depuis 2005, après avoir été directeur général puis président du directoire. Il a créé la Fondation Louis Bonduelle en 2004.

Vous ne vous positionnez plus comme le leader des légumes transformés… Quelle est votre stratégie?

Depuis 2012, nous avons mis en place la démarche Végégo 2025. Elle nous donne une vision à long terme et nous guide pour prendre des décisions quotidienne, mensuelle ou annuelle. Cette démarche a été menée « bottom-up », c'est-à-dire qu'elle n'a pas été décrétée par la direction, mais imaginée par 300 cadres qui se sont projetés à l'horizon 2025. Cela nous a permis de revoir notre ambition stratégique. Auparavant, nous nous positionnions comme le leader mondial des légumes transformés. Notre nouveau but est d'être le référent mondial du bien vivre par l'alimentation végétale.

Pourquoi cette évolution?

Tout d'abord, nous avons banni les termes leader, légumes et transformés. « Leader » a évolué en référent car cela implique un comportement, une certaine façon de faire, plus qualitative. Le mot « transformé » avait une connotation trop industrielle, alors que notre but est d'offrir des produits au plus proche de leur état naturel. Le terme « bien-vivre » rassemble les notions de bien-être, de santé, de diversité par l'alimentation et de plaisir à table. Cela touche à l'équilibre alimentaire, mais pas seulement. On nous répète qu'il faut consommer cinq fruits et légumes par jour, mais cela est presque présenté comme une ordonnance médicale. On peut aussi prendre plaisir à manger des choses saines. Enfin, le terme légumes était bien trop réducteur. Nous sommes leader mondial sur le maïs doux, qui est une céréale, nous proposons des compotes de pommes aux Pays-Bas, car elles sont consommées comme accompagnement de plat, et nous avons aussi une offre de produits traiteurs comme des taboulés. Notre territoire de légitimité est donc bien plus large. Nous cherchons à proposer des produits qui répondront aux attentes de plus de végétal et moins d'animal.

Avec ce positionnement sur le végétal, allez-vous proposer des gammes végétariennes ou flexitariennes, en pleine expansion ?

Notre but n'est pas de nous afficher comme tel et nous n'allons pas lancer une marque spécifique sur ces sujets. Nous nous affichons comme une porte d'entrée sur le végétal de qualité pour atteindre un équilibre nutritionnel. Nous ne nous positionnons pas sur des produits végétariens, aussi j'ai été frappé l'an dernier par la polémique sur la présence d'arômes naturels de viande dans nos recettes cuisinées. Notre métier est d'amener sur la table des produits végétaux toujours plus sûrs, encore meilleurs, tout en respectant leur intégrité.

Est-ce que le végétal est aussi au cœur des préoccupations de la Fondation Louis-Bonduelle, que vous avez créée en 2004?

Depuis une dizaine d'années, nous organisons des rencontres sur un thème particulier. Cette année nous nous sommes ancré dans l'actualité avec une thématique sur l'alimentation végétale, puisque la FAO a décidé que 2016 sera l'année mondiale des légumineuses. Cela nous a permis de présenter un regard croisé sur la place du végétal dans l'alimentation. Notre but est de rendre les légumes toujours plus attractifs et auprès du plus grand nombre. Pour cela, nous avons plusieurs leviers : soutenir la recherche, sensibiliser le public et agir sur le terrain. Par exemple, nous produisons de la documentation scientifique : la Fondation a fait une publication sur les protéines végétales cette année. Nous avons aussi mis au point un site multilingue d'information sur la nutrition et les légumes. Il sera traduit en russe en 2016. Nous soutenons des actions citoyennes sur le terrain, comme le projet « A la reconquête des légumes » de l'association audoise Eco-citoyenneté, qui vise à changer la perception des légumes de jeunes de 8 à 18 ans.

Et pour la recherche ?

Cette année, nous avons remis le prix de recherche Louis-Bonduelle à une étudiante néerlandaise pour ses travaux intitulés « Nudging toward effortless healthy food choices ». Le « nudging » peut se traduire par "coup de pouce". Il s'agit d'orienter les consommateurs vers une alimentation équilibrée sans effort, en jouant sur l'environnement pour donner conscience de la prise alimentaire. Par exemple, en plaçant de la salade à l'entrée d'un buffet ou en utilisant de petites assiettes pour réduire les portions. Son étude porte sur les mécanismes du nudging et ses effets à long terme, ainsi que sur les questions du libre-arbitre et des choix conflictuels en fonction du prix et du goût.

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