Consommation : les Français ont besoin de réassurance
Ainsi partout dans le monde, les contraintes économiques pèsent encore un peu plus dans les choix des consommateurs, en particulier sur les produits haut de gamme. La confiance dans les produits alimentaires est en légère régression, un fait imputable principalement aux consommateurs chinois et russes. En parallèle, la perception du lien entre alimentation et risque pour la santé progresse fortement. « Ce lien est identifié par deux consommateurs sur trois dans le monde, contre un sur deux dans la précédente étude », commente-t-elle. Il en ressort une volonté accrue d’obtenir des garanties supplémentaires pour manger sain. « Cela passe par le bio, dont la demande augmente, mais aussi par l’intérêt pour les mentions « sans », qui est très élevé », ajoute-t-elle.
La contrainte économique pèse sur le plaisir
En phase avec ces tendances de fond, les consommateurs français se distinguent toujours par leur intérêt pour la qualité gustative des produits, qu’ils classent en quatrième position sur quinze critères d’achat. Mais cette caractéristique perd de sa force. « En France, la demande autour du plaisir est toujours très forte avec huit français sur dix qui continuent de s’offrir des petits luxes pour des moments de pur plaisir. Néanmoins, ce résultat passe de 83 % à 77 %, du fait de la contrainte économique", observe Pascale Grelot-Girard. Ce qui nous place au même niveau que l’Allemagne, l’Asie du Sud-Est, le Royaume-Uni, l’Espagne, et même derrière la Russie.
Naturalité et local rassurent
En revanche, une autre spécificité s’accentue : les consommateurs français ont développé une hypersensibilité au risque perçu entre alimentation et santé. « 79 % jugent probable le risque que les aliments nuisent à leur santé. C’est 20 points de plus qu’en 2012 ! Cela nous différencie grandement des autres pays qui tournent autour de 50 - 55 % », commente l’experte. Face à cela, naturalité et local apparaissent comme les clefs de la réassurance. 70 % des Français déclarent préférer des aliments simples, pas trop transformés pour être certains de ne pas avoir d’ingrédients suspects. 83 % affichent un intérêt pour la naturalité et 82 % pour les produits locaux et régionaux. Ainsi, les Français ont un fort intérêt pour les mentions « sans » et le made in France, lesquelles 77 % déclarent favoriser, en hausse de dix points. Un profil à mettre en lien avec la montée en puissance des circuits courts. Quatre consommateurs sur dix déclarent avoir acheté des produits alimentaires en circuits courts dans les douze derniers mois, contre 27 % en 2014. « Qu’on la juge fondée ou exagérée, cette perception est à prendre en compte dans l'offre produit. Elle crée une forme d'exaspération dans les comportements », conclut Pascale Grelot-Girard.