C’est un agriculteur calme et déterminé que nous avons en ligne ce jeudi 16 avril. De son fief de Brissac Loire Aubance, près d’Angers, le président de la coopérative Terrena se félicite d’abord de l’effet révélateur qu’a eu la crise. « Elle a remis en lumière la qualité des collaborateurs et le rôle essentiel que jouent les filières agricoles sur notre territoire pour garantir la sécurité sanitaire, la quantité et la qualité de notre alimentation », affirme-t-il.
Si l’impact économique reste encore difficile à évaluer, l’activité a continué, tant au niveau de la production que de la transformation. « C’est une chance par rapport à d’autres secteurs, reconnaît-il. Cependant les changements dans le mode d’achat des consommateurs ont fortement perturbé nos entreprises. Avec la fermeture de la RHD, les consommateurs vont essentiellement dans les grandes surfaces et les petits commerces, ils déjeunent et dînent chez eux. Ce qui modifie les équilibres matières », explique-t-il.
En clair, des manques apparaissent sur certains produits, tandis que les stocks s’accumulent sur d’autres. Exemple dans la viande. Pour schématiser à l’extrême, les avants de bovins vont à la grande distribution et les arrières à la restauration. « La situation fait que nous tendons à manquer de pièces pour les steaks hachés et sommes obligés de stocker les pièces nobles », indique-t-il. Dans la filière laitière, les stocks de poudres de lait commencent à s’empiler. Même chose dans la volaille, avec les cuisses de poulet. Ce constat conduit Terrena à appeler les Français à adopter des bonnes pratiques d’achat. La coopérative en a listé cinq :
- Privilégier les produits français issus de nos territoires,
- Diversifier les produits de volailles en incluant des cuisses, hauts de cuisses, pilons,…
- Savourer les meilleures découpes de bœuf tels que le rumstek, le filet, l’entrecôte,…
- Redécouvrir les recettes traditionnelles à base de lapin, canard, agneau, chevreau,
- Plébisciter des achats primeur et des fruits et légumes de saison (pommes, poires, poireaux, épinards,…)
« C’est ce que nous voulons défendre, si le consommateur le veut ou le peut financièrement. Nous comprenons les situations difficiles que traversent les uns et les autres, nous voulons simplement inviter à réfléchir à l’acte d’achat », conclut Olivier Chaillou.