Denrées durables

De l’éco-conception à l’éco-consommation

Stéphane Le Pochat, responsable R&D d’Evea Conseil : "Les déclarations environnementales sont l'aboutissement logique de toute démarche d’éco-conception. Elles peuvent elles aussi prendre différentes formes"

Jean-Louis Lambert, professeur de sociologie alimentaire. "Le « mangeur moderne » se préoccupe peu des répercussions de ce qu’il mange sur la gestion des ressources naturelles."

La conférence organisée le 27 janvier dernier à lquabian, pôle nantais de formation et de recherche, en partenariat avec le cluster West (Well Eating Sustainable Territory), a réuni industriels et experts pour leur donner les principales clés d’entrée et de compréhension en conception d’aliments durables. Pour Jean-Louis Lambert, professeur de sociologie alimentaire qui est intervenu pendant ce colloque, le « mangeur moderne » se préoccupe peu des répercussions de ce qu’il mange sur la gestion des ressources naturelles, alors que les industriels multiplient les projets d’éco-conception et la mise aux normes de leurs démarches.

L’engagement des industriels

En France, l’éco-conception peut prendre place dans le cadre d’une démarche de management environnemental ISO 14001. Plusieurs référentiels standardisés permettent d’engager des démarches durables d’éco-conception au niveau de chaque produit : la norme ISO 14062 prend par exemple en compte l’environnement aux étapes clés de conception et de développement d’un produit. La norme ISO 14040 - d’analyse de cycle de vie - comptabilise quant à elle les impacts environnementaux aux différentes étapes du produit.
« Aboutissement logique de toute démarche d’éco-conception, les « déclarations environnementales » peuvent elles aussi prendre différentes formes. Tout d’abord les écolabels, signes officiels de reconnaissance des avantages environnementaux, doivent répondre à un cahier des charges précis et quantifié. Les écoprofils consistent en une information technique sur la qualité environnementale du produit », précise Stéphane Le Pochat, responsable R&D d’Evea Conseil. En revanche, les autodéclarations sont avancées par des producteurs sous leur seule responsabilité, généralement non contrôlées et de ce fait souvent vagues et imprécises.

Le mangeur moderne peu concerné

Une enquête récente réalisée auprès des consommateurs « bio » montre que les effets de ce qu’ils mangent sur leur corps leur importent plus que l’impact de la fabrication des produits consommés sur l’environnement. « L’acte d’achat reste encore principalement guidé par plusieurs facteurs nécessitant tous un surcoût énergétique », précise Jean-Louis Lambert :
- La recherche de variété dans le régime alimentaire entraîne l’élargissement des zones d’approvisionnement,
- Le souci de sécurité sanitaire des aliments incite à l’utilisation de conservateurs, d’emballage et augmente des coûts du stockage,
- le consommateur achète au moins cher, incitant les fournisseurs à la recherche de gains de productivité et à des systèmes d’économie d’échelle par l’industrialisation et l’internationalisation,
« Enfin, le consommateur cherche à réduire le temps associé à l’alimentation, notamment en termes d’approvisionnement et de préparation, précise Jean-Louis Lambert. Ce qui induit une demande croissante de services associés aux aliments eux-mêmes comme l’allongement des DLC ou l’utilisation de produits prêts à manger. » Tous ces éléments détaillés par le sociologue invitent donc les industriels à la prudence quant aux démarches de labellisation dans lesquelles ils s’engagent.

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