Doux. Le gouvernement veut un vrai projet industriel

13 juillet 2012 - François Morel

Le ministre délégué chargé de l’agroalimentaire, Guillaume Garot, a reçu ce matin à Rennes, les représentants syndicaux des salariés du groupe Doux, puis les éleveurs.

Éleveurs, salariés, le patron Charles Doux, gouvernement, banques, administrateurs, repreneurs potentiels… beaucoup d’acteurs sont mêlés au dossier de liquidation du groupe Doux, rendant celui-ci complexe. Guillaume Garot, présent ce matin à Rennes, a souligné à plusieurs reprises la faveur du gouvernement pour un « vrai projet industriel ». Il ne s’agit pas de se substituer, Doux étant un groupe privé. Par contre l’Etat a des leviers pour agir notamment sur les investissements. Avec en échange de ces aides, une demande de garanties auprès des repreneurs.

Les syndicats sont inquiets. Le plan de reprise tel qu’il est envisagé actuellement aboutit, en effet, à supprimer environ 1500 emplois -certains parlent même de 2000- sur un effectif total de 3600. Inacceptable pour les syndicats. Ils espèrent toujours le maintien de l’entité Doux, même s’il est grand temps de tourner la page Charles Doux. Certains responsables syndicaux nous ont dit : « on ne veut pas de suppressions d’emplois, c’est des embauches et des investissements qu’il faut ! Selon eux, le vrai problème de Doux n’est pas du domaine de la gestion, « la situation financière personnelle de Charles Doux le démontre », mais surtout le résultat d’une accumulation d’erreurs stratégiques, au plan humain – il n’y a jamais eu de dialogue chez Doux- ; au plan financier – accusant l’ancienne direction « qui ne connaissait rien au poulet » ; et enfin au plan industriel.

Il sera difficile de garantir un maintien à 100% des emplois

Sur le plan social, Guillaume Garot a pris l’engagement, au nom du gouvernement, que tout serait fait -avec une prise en compte site par site- pour sauvegarder le maximum d’emplois. Reconnaissant cependant qu’il sera difficile de garantir un maintien à 100 %. Ce qui a fait dire au ministre chargé de l’agroalimentaire « que les repreneurs doivent bouger encore. Nous sommes au milieu du gué ».

Aujourd’hui, les représentants des syndicats idéalisent encore l’avenir en espérant que sera préservée l’intégralité du groupe, alors qu’il existe des offres de reprise uniquement de certaines activités. Exemple de Tilly Sabco pour le poulet congelé export. Les salariés de Doux, qui croient à leur entreprise, sont totalement opposés au dépeçage du groupe .

L’engagement du gouvernement dans ce dossier, à travers son nouveau ministre, montre à quel point il considère l’alimentation comme un secteur stratégique. Les représentants syndicaux n’hésitent pas, non plus, à mettre en avant les 40 % de poulets importés en France, ou la concurrence jugée déloyale de l’Allemagne allant jusqu’à mettre en cause le rôle joué par certains équipementiers. Les aides pour relancer l’activité du groupe sont au cœur du débat. Le ministre a précisé que le gouvernement pourra se servir prochainement de la Banque publique d’investissement. Ce dossier apparaît comme le premier grand test de la volonté politique du nouveau gouvernement. Rendez-vous à la fin du mois où le tribunal décidera du ou des repreneurs.

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