Face à la mobilisation des secteurs agricoles et agroalimentaires, le Premier Ministre suspend l'écotaxe

29 octobre 2013 - Pierre Christen

Les industriels de l’agroalimentaire breton avaient fait du report de l’écotaxe, la condition sine qua non pour discuter du "Pacte d’avenir" proposé par le gouvernement. © LVDESIGN - Fotolia.com

Les propositions d’aménagement à la mise en application de l’écotaxe n’auront pas suffi. A l’issue d’une réunion organisée ce matin à Matignon, le Premier Ministre a annoncé suspendre la mise en œuvre de cette mesure, qui a cristallisé les mécontentements, particulièrement dans la filière agricole et alimentaire bretonne. Avec cette suspension, Jean-Marc Ayrault souhaite se « donner le temps nécessaire pour un dialogue au niveau national et régional ». Les industriels de l’agroalimentaire, bretons en particulier, semblent donc avoir été entendus. Le Premier Ministre a ajouté que « ce dialogue aura pour objectif d’améliorer les dispositions propres à la filière agricole et agroalimentaire, mais aussi celles relatives aux régions les plus périphériques, et bien entendu la Bretagne ».

L’Ania (Association nationale des industries alimentaires) s’était jointe à la mobilisation nationale « Stop à l’écotaxe » aux côtés du syndicat agricole FNSEA et de Coop de France. La mesure qui devait entrer en vigueur le 1er janvier prochain aurait représenté au minimum de 5 à 10 % du coût du transport. L’Ania avait particulièrement pointé du doigt la « double peine » infligée aux 13 500 entreprises agroalimentaires et aux exploitations agricoles, en pénalisant le « made in France » pourtant défendu par le gouvernement. En effet, les produits agricoles et alimentaires français auraient eu à subir la taxation de cinq à six fois tandis que le grand import ne l’aurait subie qu’une fois.

En Bretagne, l’ABEA (Association bretonne des entreprises agroalimentaires) était vent debout contre la mesure. Le 16 octobre, plus de 250 entreprises représentant toutes les filières alimentaires avaient manifesté leur inquiétude en déclenchant leur alarme incendie. Aux côtés de l’association Produit en Bretagne, les industriels bretons avaient invoqué la fragilité du secteur, marqué par la fermeture de l’abattoir Gad à Lampaul-Guimiliau (Finistère) et par la fin des aides européennes au poulet export. Les industriels de l’agroalimentaire breton avaient fait du report de l’écotaxe, la condition sine qua non pour discuter du "Pacte d’avenir" proposé par le gouvernement. Ce nouveau dispositif sera accompagné de mesures d’urgence tels que l’accélération du contrat de plan Etat-Région au niveau des transports ainsi qu’un soutien de 15 M€ au secteur agroalimentaire.

Pour rappel, l'écotaxe devait être une redevance appliquée aux camions de plus de 3,5 tonnes circulant sur les axes gratuits du territoire. Son prix est difficile à calculer, il est fonction de la catégorie du camion, de son niveau de pollution mais aussi de la région concernée. Près de 200 portiques avaient été installés pour la collecte. Initiée par le Grenelle de l'Environnement en 2009, la mesure devait entrer en vigueur au 1er janvier 2014, après avoir été déjà reportée en juillet 2013 pour des raisons techniques.

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