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Ferme France veut généraliser un étiquetage de performance sociétale

12 février 2018 - Amélie Dereuder

L’association Ferme France veut créer un étiquetage synthétique et commun à tous les acteurs de la chaîne alimentaire. Il attribuera une note globale sur la réponse aux attentes sociétales comme la nutrition, l’environnement, le bien-être animal, la traçabilité...

« Avec Ferme France, nous voulons créer un collectif français pour répondre aux grandes attentes sociétales dans le domaine agricole et agroalimentaire. L’association que nous sommes en train de créer a vocation à réunir tous les acteurs de la chaîne alimentaire, de la production jusqu’à la distribution. Cela concerne également les organisations et les industries annexes du vivant qui peuvent utiliser du cuir ou des produits animaux », commence François Attali, président de la nouvelle association Ferme France et directeur marketing chez Terrena. Cette entité s’est formée autour de quatre porteurs de projet, à savoir Terrena, le groupe coopératif Advitam, Fleury Michon et Sodebo. D’autres acteurs devraient venir grossir les rangs de l’association d’ici la cérémonie officielle de lancement prévue le 28 février sur le salon de l’agriculture. L’objectif est de recruter de nouveaux adhérents sur l’année 2018, en particulier des grands noms de l’industrie et de la distribution, pour avoir plus d’impact et généraliser l’étiquetage en 2019.

7 attentes sociétales

Concrètement, les fondateurs veulent créer un cahier des charges et un étiquetage qui prendront en compte sept indicateurs. Chacun reprend une attente sociétale forte : l’environnement, le bien-être animal, la nutrition-santé, la traçabilité, le progrès de la filière, la contribution à l’économie française et la contribution au bien commun. Ces indicateurs seront sous forme d’échelle allant de 1 à 6, dans l’idée des étiquettes de performance énergétique que l’on trouve sur l’électro-ménager. Une note globale sur 100 sera ensuite attribuée en fonction des résultats sur chaque critère.

Cet étiquetage ne remplacera pas les labels ou certifications mais les prendra en compte pour définir les notes. « Par exemple, notre indicateur nutrition-santé prendra en compte la note au Nutri-score, mais ce ne sera pas le seul facteur. Le système de calcul attribue une mauvaise note dès que le produit a plus de 30 % de matière grasse, sans prendre en compte la qualité de celle-ci. Notre algorithme ira plus loin », précise le président de l’association. Le signe de qualité Lbel rouge donnera des points en plus sur le bien-être animal, tandis que le bio aura une influence positive sur le critère environnemental. Précisons aussi que les indicateurs seront adaptés selon les filières, les problématiques et la maturité n’étant pas la même selon qu’on parle de céréales ou d’élevage porcin. Des partenaires académiques comme l’Ademe, Bleu Blanc Coeur, l’Inra et le LIT Ouest Territoire d’élevage participent également au projet pour établir des plans de progrès.

Un référentiel unique

Selon François Attali, « aujourd’hui, on observe un phénomène de sur-enchère où chaque acteur crée son propre référentiel. Cela a deux conséquences négatives : l’érosion de la confiance du consommateur à cause de la multiplication des messages parfois contradictoires et un désordre de la chaîne alimentaire. Chaque client a son cahier des charges, or ils sont volatils et demandent des investissements pour y répondre. Au final, on risque d’augmenter le panier moyen du consommateur ou de sortir de la compétitivité mondiale ! » Un outil commun permettrait donc de réguler les différentes propositions et pourrait, si elle se généralise, soutenir l’image positive de la filière française à l’export grâce à des critères objectifs.

Pour le consommateur, cet étiquetage sur l’emballage devrait être plus simple à appréhender. De plus, il aurait accès à différents niveaux d’informations en scannant le code-barre ou le QR-code. Ferme France travaille actuellement avec GS1 pour mettre en place le système informatique commun aux adhérents. L’association a aussi pensé à une méthode qui permet de remettre le consommateur au centre des décisions. « Par ses achats, il gagnera des points en fonction de la note des produits. Il pourra ensuite les utiliser pour voter sur les indicateurs qu’il jugera prioritaires. Nous souhaitons aussi créer un jury citoyen qui viendra vérifier que les notes attribuées sont justifiées », termine François Attali. Une démarche ambitieuse pour l'agroalimentaire, qui coche beaucoup de cases vis-à-vis des attentes du consommateur.

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