Consultée par l’agence Capa en amont de la réalisation de ce documentaire, la rédaction de Process Alimentaire avait pu constater le professionnalisme des deux journalistes en charge du documentaire, Maud Gangler et Martin Blanchard. Et leur volonté de faire œuvre de pédagogie en évitant de tomber dans les idées préconçues et les croyances de l’époque.
Malgré près d’un an de travail préparatoire, le résultat final n’est pas à la hauteur des espérances. Bien que loin du ton des Cash Investigation et autres docu-fictions ultra-scénarisées plus proches du cinéma que du travail journalistique, le documentaire diffusé par Arte le mardi 2 février n’évite pas les écueils du genre. On y retrouve – hélas - l'incontournable bande-son anxiogène, les experts dépassant allègrement leur champ de compétences, et les commentaires à l'emporte-pièce, toujours accusatoires et catastrophistes du type : « le système qui nous nourrit a perdu la tête ».
Le titre même du documentaire illustre cette dérive. Initialement intitulé « On mange quoi ? », il est devenu « La grande malbouffe », référence bien obsolète au concept créé au début des années 80. Comme si rien n’avait changé en trente ans…
Malgré ces biais, le documentaire a le mérite de faire ressortir les attentes des consommateurs autour du clean label. Et parvient à montrer – par moments – la profonde démarche de progrès à l’œuvre dans le secteur agroalimentaire. Ce qu’illustre l’investissement massif mené par Mars Wrigley Confectionery France à Haguenau pour se passer du dioxyde de titane dans les M&M’s (en optant pour l’amidon de riz). Ou en donnant la parole à l’entreprise André Bazin. Pour la saucisse de Montbéliard IGP sous sa marque Philippe Wagner, la charcuterie basée en Haute-Saône utilise des ingrédients d’origine naturelle, du sel sans nitrite et de la viande de porc français, issue de la filière Bleu Blanc Cœur d’un élevage franc-comtois dédié.
Apparaît également la société Foodinnov*, spécialiste de la R&D, de l’innovation et de la nutrition, et sollicitée en tant qu’expert indépendant. Une partie du tournage s’est déroulée dans le laboratoire culinaire au Technocampus Alimentation à Nantes. De façon neutre, les ingénieurs ont montré comment élaborer un cordon bleu tout en tenant compte des contraintes de l’industrialisation d’une recette. L’expérience est allée jusqu’à la création d’une recette premium, en partenariat avec l’entreprise Licques Volailles. « Notre objectif est d’apporter des éléments factuels et justes, de désarmocer les « on-dit » et les contre-vérités », affirme Vincent Lafaye, dirigeant de Foodinnov. Une volonté de transparence toute à l’honneur des participants au documentaire. Et qui, on peut l’espérer, finira par porter ses fruits.
* Foodinnov tient chaque mois le rendez-vous « formulation » dans la rubrique Ingrédients du magazine Process Alimentaire.