Le Nord - Pas de Calais mise sur le dialogue
Créé en mars 2010, Agroé, le pôle d’excellence agroalimentaire de la région Nord – Pas de Calais a organisé en ce début d’année ses premières assises, avec un objectif premier : remettre l’agroalimentaire à son rang, c’est-à-dire celui de premier secteur régional industriel. Avec 2300 établissements et 43 000 emplois, l’agroalimentaire est en effet un des secteurs économiques clefs de la région. Il pèse près de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires. C’est même la première région exportatrice de biens agroalimentaires en France, représentant 11,1 % des exportations agroalimentaires, devant l’Ile de France (8,7 %) et la Bretagne (8,5 %).
« L’attractivité de la région est reconnue compte tenu de la position stratégique vis à vis des marchés d’Europe du Nord, mais il n’y a pas que çà ! Le réseau de chercheurs, d’écoles, de pôles de compétitivité, est un terreau fertile pour l’agroalimentaire », affirme Fabrice Hoschedé, délégué général de cette structure créée en mars 2010 par le Conseil régional Nord - Pas de Calais et les territoires d’Arras et Cambrai.
Fort de ce constat, l’événement a permis de consolider les travaux menés par Agroé, notamment la constitution d’espaces de collaboration entre les différents acteurs du monde agroalimentaire.
Fédérer une dizaine de laboratoires autour de l’éco-formulation
« Il n‘y a pas de région agroalimentaire forte sans recherche académique forte », déclare Fabrice Hoschedé. Lors des assises, la décision a été prise de créer une fédération d’une dizaine de laboratoires de la région travaillant sur des thématiques alimentaires. « Nous avons fait le constat que les équipes de recherche étaient atomisées, les thèmes de recherche hétérogènes et éloignés d’applications industrielles, explique-t-il. En collaboration avec le pôle de compétitivité Nutrition Santé Longétivité, nous avons faire en sorte que les différents acteurs trouvent un terrain de dialogue autour d’un dénominateur commun qui sera celui de l’écoconception et de l’écoformulation ». Le chef de file du réseau sera ProBioGEM (Lille 1), un laboratoire spécialisé dans les peptides, dirigé par Pascal Dhulster. Le centre technique Adrianor, dont justement la formulation est le cœur de métier, sera également partie prenante de la structure. Dans le cadre du futur Contrat de Plan Etat - Région 2013, l’objectif est d’obtenir le label « Laboratoire d’excellence ».
Favoriser la contractualisation avec l’amont agricole
L’autre décision entérinée lors de ses assises est d’intégrer l’amont agricole au sein des travaux du pôle, et notamment de favoriser la contractualisation entre les producteurs agricoles et les transformateurs. « Un sujet crucial au regard du besoin de continuité des prix des matières premières pour les industriels, précise Fabrice Hoschedé. De plus, le consommateur aspire à davantage de proximité, la contractualisation est dans ce sens une manière d’apporter de la plus-value ». Initialement créé autour de la transformation agroalimentaire et de l’agro-industrie, Agroé va donc décompartimenter son champ d’action pour intégrer une coordination plus forte avec les fournisseurs de matières premières agricoles. Une stratégie cohérente, notamment au regard du poids du secteur des semences. Par exemple, le comité Nord Plants, installé à Beaurains près d’Arras produit 65 % des semences françaises de pommes de terre. « Il faut impliquer ces entreprises et leur savoir faire », souligne-t-il. Cette ouverture au monde agricole avait déjà été initié au niveau de la filière bio.