Les 5 temps forts de l'année 2017

18 décembre 2017 - Pierre Christen

L'année 2017 fut trépidante ! Décryptage des 5 faits majeurs qui vont marquer l'histoire de l'agroalimentaire hexagonal.

Tendance : le bio franchit un nouveau palier

D’après les premières tendances mises en évidence par l’Agence bio, le boom du bio en France se poursuit avec sur le premier semestre 2017 une progression des ventes de + 500 millions d’euros (Lire ici). Cela se traduit par une forte progression du nombre de faiseurs (Lire ici). Sur le premier semestre 2017, le nombre d’entreprises de transformation et de distribution (hors importateurs) a vu une hausse de + 9,4%, une augmentation équivalente à celle observée pendant l’ensemble de l’année 2016. Pour rappel, l’année dernière les ventes en bio - tous circuits confondus - avaient atteint 7 milliards d'euros en 2016, contre 5,8 Mds d'euros en 2015. Une progression de 20 % (Lire ici) qualifiée d'historique, qui pourrait bien se renouveler cette année. Mais au-delà des chiffres, le bio est parti pour s’installer durablement dans le paysage. D’abord car l’innovation irrigue désormais pleinement ce secteur, qui fut un temps cantonné à une innovation incrémentale. Les lauréats du dernier salon Natexpo le démontrent (Lire ici). Et les géants donnent le ton. L’acquisition de WhiteWave par Danone (Lire ici) engage une véritable mutation du géant français. Et par ricochet, Danone a cédé Stoneyfield à Lactalis, qui de manière plus discrète apparaît aussi comme un acteur clef du bio (Lire ici). Un succès du bio, qui n'est pas sans poser quelques soucis d'approvisionnement, comme sur le lait (Lire ici). Mais les entreprises s'organisent, à l'instar d'Hénaff pour sa filière poivre (Lire ici) et investissent dans les outils industriels pour gagner en capacité comme Léa Nature (Lire ici). Une grande réorganisation des forces en présence, qui pourra s’appuyer sur un futur règlement bio, dont les principales évolutions sont désormais actées (Lire ici).

Étiquetage nutritionnel : un consensus inatteignable

Outre l'apposition du tableau nutritionnel, le règlement européen "Information du consommateur" (UE 1169/2011) avait ouvert dès 2011 la possibilité d'utiliser un étiquetage nutritionnel graphique sur le mode du volontariat. Cette disposition avait déjà été le fruit d'un difficile consensus. Cinq ans plus tard, rien n'est véritablement tranché. Après une expérimentation menée en magasin (Lire ici), et malgré un avis assez négatif de l'Anses (Lire ici), le dernier gouvernement de François Hollande a, quelques jours avant la fin de son mandat, tranché en faveur du Nutri-Score, le système imaginé par l'équipe du Pr Hercberg. Des enseignes et quelques industriels ont montré leur volonté d'utiliser ce dispositif : Fleury Michon, Auchan, Intermarché et Leclerc dans un premier temps, puis McCain et Danone. Mais on n'est loin d'une conversion massive du secteur agroalimentaire. D'autant qu'une partie des industriels défendent un choix au niveau européen, en faveur d'un système inspiré des "traffic lights" britanniques. Coca-Cola, Nestlé, Mondelez, PepsiCo ou encore Unilever et les entreprises de l'Alliance 7 plébiscitent le NutriCouleurs. Ce qui a fait monter au créneau un collectif d'associations de consommateurs (dont la CLCV). La pétition "Oui au Nutri-Score, Non aux tentatives de brouillage de certains industriels" a été lancée sur le site Change.org. Le Pr Hercberg, lui-même, a invité à participer les internautes de l'étude NutriNet Santé. Signé le 31 octobre dernier (Lire ici), l’arrêté qui réglemente la forme de présentation Nutri-Score, divise encore (Lire ici).

Etats Généraux : des promesses qui demandent concrétisation

Alors que les Etats Généraux de l’Alimentation vont se clôturer ce jeudi 21 décembre, l’heure n’est pas encore au bilan. Les résultats du chantier n° 2 dédié à « l’alimentation saine, sûre et durable » ne sont pas encore connus. Le détail des plans filière non plus. Mais d’ores et déjà deux enseignements apparaissent. Non sans éviter quelques escarmouches, Emmanuel Macron et l’équipe gouvernementale auront réussi à faire dialoguer les représentants des différents maillons de la chaîne alimentaire. Une méthode (Lire ici) mise en oeuvre par le ministre Stéphane Travert. Elle aura généré un état d’esprit consensuel, bien que relatif, pour réformer la loi de modernisation de l'économie encadrant les négociations commerciales (Lire ici). Le sujet d'une répartition équitable de la valeur tout au long de la chaîne aura en effet monopolisé les débats (Lire ici). Reste à savoir comme les déclarations d'intention seront traduites en actes. Les négociations commerciales entamées début novembre n’ont rien à envier aux dernières en termes de pressions sur les prix. Pour autant, le discours d’Emmanuel Macron, le 11 octobre à Rungis, reste dans toutes les têtes. Le Président de la République a égrainé un panel de mesures censées mettre fin à la guerre des prix (Lire ici). Et recueilli un assentiment quasi-général (Lire ici). Au cœur du dispositif, l'augmentation du seuil de revente à perte (SRP) et l'encadrement des promotions, qui devront trouver une concrétisation législative ces prochains mois. Mais le diable sera dans le détail. C’est d’ailleurs ce que dit Michel-Edouard Leclerc, le plus rétif à cette évolution.

Matières premières : la flambée des cours

Depuis la fin des systèmes de régulation européens, les cours des matières agricoles sont soumis à des variations plus fortes et plus fréquentes. Les pics sont ainsi plus difficiles à absorber pour les entreprises. Or l’année 2017 promettait d’être rude, après une hausse moyenne des cours de matières premières de 12 % l’année dernière (Lire ici). Elle n’a pas manqué en situations critiques. La plus emblématique fut celle du beurre, qui a conduit à des ruptures de plaquettes en linéaires. Et à une augmentation drastique des coûts matières pour les utilisateurs. Pour la première fois, les cours des protéines laitières, à la baisse, sont décorrélés de ceux des matières grasses. En cause, le blason redoré du beurre, y compris sur le plan nutritionnel. En plein Etats généraux, cette hausse des cours a montré les limites à accepter des hausses de prix satisfaisantes pour les industriels (Lire ici). Le pic aura été atteint en septembre avec 7 000 €/t. Le prix du beurre vrac a plongé pour se stabiliser autour de 5 000 €/t. Par rapport à 2016, en moyenne sur l'année, le prix est 64 % supérieur.

Marques : quand Nutella emballe les réseaux sociaux

Le saviez vous ? L'usine Ferrero implantée à Villers Ecalles près de Rouen est le site du groupe italien qui produit le plus de Nutella, soit environ 450 t/j. Les Français sont en effet de grands consommateurs de la célèbre pâte à tartiner ! Ce sont aussi parmi les plus sensibles à tout ce qui peut toucher la célèbre marque. L’amalgame entre les polémiques sur l’huile de palme et Nutella est d’ailleurs un cas d’école. Un faux pas dont la marque italienne a réussi à se tirer, en faisant montre ces dernières années de transparence sur la composition de son produit phare. En début d’année, Nutella a pu communiquer de manière positive en dévoilant son plan d’investissement de 38,5 millions d’euros sur la période 2017-2021 (Lire ici). De bonne augure pour le site français qui, à terme, en fonction des tendances du marché, pourrait accueillir de nouveaux outils de production. Ferrero a aussi mis en avant son nouvel entrepôt connecté à St-Quentin-Fallavier (Lire ici). Las, une nouvelle perturbation médiatique est venue semer la cacophonie. Suite à une reformulation mineure de sa recette (Lire ici), les réseaux sociaux se sont emballés. Tout est parti du post sur Facebook de l’association allemande Verbraucherzentrale Hamburg, qui a relevé la différence d’étiquetage des ingrédients le 2 novembre, ainsi qu’un changement de couleur. Décidément, les marques sont scrutées à la loupe !

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