Les conserveurs de poissons sous tension
Avis de gros temps dans la filière française de conserveries de poissons ( maquereau, thon, sardines). La profession est étranglée entre la hausse du coût des matières premières et la faible augmentation des prix de vente aux consommateurs.
Les 200 ans des conserveries de poissons (maquereau, thon et sardines) sont assombris par une conjoncture qui met à mal, depuis quelques années, les entreprises françaises. « Les prix de la matière première ont quasiment doublé en dix huit mois pour certaines espèces », a déclaré récemment Pierre Commère, secrétaire du groupe « Poissons conservés » à la FIAC (Fédération des Industries des Aliments Conservés).
La tension aujourd’hui est forte, sachant que les matières premières représentent, selon les produits ou les recettes, de 45 à 65 % de la valeur des conserves. Or les augmentations dans les approvisionnements, relevées par la FIAC, sont de l’ordre de + 40 % : + 41% pour le thon albacore (+ 74 % pour le thon listao), + 37 % pour le maquereau (source Eurostat), + 35% pour les sardines (source France Agrimer).
Les explications de cette flambée des prix sont, pour le thon, une limitation des ressources face à une forte demande mondiale ; pour les maquereaux, une forte concurrence à l’achat liée au renforcement du contrôle des pêches dans l’Union européenne, ainsi qu’aux mauvaises pêches effectuées au Canada et aux Etats-Unis en 2011, sans parler du Japon (quasi-fermeture de la pêche) ; et pour les sardines, à des débarquements insuffisants venant du déficit global dans les zones traditionnelles de pêche (Maroc, Portugal, Espagne).
Le contexte est devenu très tendu, comme l’a souligné, début janvier, le groupe « Poissons conservés » de la FIAC. Au point selon lui « de devoir entraîner dans les mois qui viennent des hausses de prix sur les conserves de poissons ». A condition encore que la grande distribution accepte de répercuter en partie les coûts croissants de la filière. La faisabilité commerciale est d’autant plus grande que, malgré ces augmentations, les conserves de poissons restent aujourd’hui parmi les protéines animales les moins chères pour le consommateur. A cause de cela, ou malgré cela, la grande distribution ne semble pas en prendre le chemin, si on en croit Armand Baudry, directeur général de Saupiquet. « Les entreprises n’ont réussi à répercuter en moyenne que 40 % de la hausse du prix de revient sur le prix de cession ». Elles doivent, en outre, faire face à la concurrence croissante des produits d’importation vendus à bas prix, en premiers prix ou marques de distributeurs.
Repères :
- En cinq ans, de 2007 à 2011, les volumes de poissons utilisés dans la fabrication de conserves en France ont diminué de plus de 10 000 tonnes : les volumes sont passés de 78 879 t à 68 681 T.
- Le nombre de boîtes de fabriquées par les conserveurs est passé dans le même temps de 384,6 millions (66 097 t) à 345,4 millions (53 957 t) (source FIAC).