Les difficultés de Synutra inquiètent l’industrie laitière française

28 août 2018 - Pierre Christen

Face aux dettes contractées par Synutra, Sodiaal serait en passe d'acquérir une partie des installations de l'usine du groupe chinois implantée à Carhaix-Plouguer (29). Crédit Photo : Process Alimentaire

Rien n’est jamais simple sur le marché chinois. Tout le monde en a conscience. Mais personne ne pensait que la dynamique de Synutra en France connaîtrait des ratés aussi précocement.

Le n°3 chinois des aliments infantiles et maternels connaîtrait d’importantes difficultés sur son marché intérieur. « Les données que nous avons montrent que leurs ventes sont très inférieures à ce qu’elles étaient auparavant », nous indique Gérard Calbrix, directeur des affaires économiques pour ATLA (Association de la Transformation Laitière Française)

Ce qui n’est pas sans impact sur les productions du groupe en France. Les prévisions initiales – visiblement sur-estimées – étaient à l’origine de l’investissement du groupe chinois dans les installations de poudres de lait infantiles de Carhaix-Plouguer (29). Une usine titanesque de 28 000 m² adossée à un laboratoire de 10 000 m². Fruit d’un investissement de 170 M€, assumé par le groupe chinois, la capacité totale du site est de 120 000 tonnes par an. Mais la réalité de la production serait bien moindre. Ce qui provoquerait des impayés importants auprès du partenaire Sodiaal, que des sources citées par la presse locale estiment à 30 millions d’euros. On savait déjà que les approvisionnements de lait de l’usine avaient baissé drastiquement depuis quelques mois.

Pour transformer la dette de Synutra envers Sodiaal, la solution qui se profile serait le rachat d’une partie de l’usine de Carhaix-Plouguer par la coopérative française. Celle-ci a confirmé le 30 août dernier être candidate à la reprise de la partie industrielle de l'usine (en intégrant tout ou partie des 350 salariés du site). Synutra conserverait l'emboîtage des laits et les expéditions.

L’usine Méautis de Maîtres Laitiers du Cotentin est à l’arrêt

Les difficultés de Synutra impactent également la coopérative Maîtres Laitiers du Cotentin, qui a investi l’année dernière 116 M€ dans une nouvelle usine à Méautis, dont 40 % de la surface est dédiée à un contrat de dix ans signé avec le groupe chinois (690 millions de briquettes de lait UHT de 200 ml par an). L’usine est à l’arrêt depuis début août. Selon la coopérative normande, cette mise en suspens serait la conséquence d’un problème technique. Sauf que l’on sait combien les arbitrages technico-sanitaires des partenaires chinois peuvent être avant toute chose d’ordre « politique ». « Cette situation pourrait laisser penser que Synutra n’a plus la cote auprès des autorités chinoises », s’inquiète Gérard Calbrix.

La situation reste difficile à objectiver, faute de communication de la part de Synutra. D’autant que le marché chinois s’est couvert depuis quelques mois d’un voile d’opacité. « Il n’y a plus de publications des statistiques douanières sur le marché chinois, du fait de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump. On ne sait plus ce qu’il se passe en termes d’importations », pointe Gérard Calbrix.

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