Les premiers pas du label "Relations fournisseur responsables"
Rétablir la confiance et le dialogue entre les grandes enseignes de la distribution et leurs fournisseurs. Telle est la vaste ambition de la médiation inter-entreprises, présidée par Pierre Pelouzet. A cette fin, la charte du label « Relations fournisseur responsables » déclinée au secteur alimentaire a été présentée jeudi dernier. Elle est le fruit de mois de discussions entre les différents acteurs de la filière alimentaire, Coop de France, Ania, FCD et certaines enseignes. Cette charte fournit une série de principes qui constituent une base concrète pour les entreprises qui veulent s’engager dans le label Relations fournisseur Responsables, afin d’attester de relations équilibrées.
La charte a été signée par l’Ania, Coop de France, la FCD, Système U, Auchan, Carrefour et Cora. D’autres enseignes (Casino, Intermarché) ont confirmé leur volonté de signer prochainement. Le grand absent étant l’enseigne E. Leclerc, dont on connaît la position radicale sur le sujet.
Système U devrait être la première enseigne à s’engager dans la labellisation. Auchan s’est prononcé en faveur d'une telle démarche. Le processus s’appuie sur un audit de l’entreprise et de ses méthodes commerciales par la société Vigeo, experte de la responsabilité sociétale des organisations, créée et présidée par Nicole Notat (ancienne secrétaire générale du syndicat CFDT).
Outre les démarches individuelles de labellisation, les signataires de la charte se sont engagés à encourager dès à présent le respect de pratiques responsables et à promouvoir le label et son contenu. « C’est un signal important donné par les acteurs de leur volonté de mieux travailler ensemble : il faut maintenant que cette volonté se traduise dans les négociations commerciales qui commencent », a déclaré Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, lors de la signature.
Pour Coop de France, ce lancement démontre la nécessite de trouver une voie complémentaire au cadre législatif afin de moraliser les relations commerciales dans un contexte de guerre de prix où tout le monde est perdant. Sur le terrain, les équipes de Coop de France agroalimentaire écument le territoire pour former les coopératives à la rédaction des conditions générales de vente, socle de la négociation. Elles vont prochainement mettre en place une démarche pédagogique afin de permettre aux adhérents d’appréhender au mieux le label.
Les récents rapprochements entre les achats de différentes enseignes (Auchan-Système U et Casino-Intermarché) invitent à la prudence. Les négociations commerciales 2015 qui viennent de débuter permettront rapidement de juger de la réalité. « Nous ne sommes pas mobilisés autour d’une simple déclaration d’intention, nous souhaitons une véritable évolution des relations commerciales qui doivent être plus responsables et se projeter dans la durée », complète Philippe Mangin, président de Coop de France.
Au-delà des déclarations d’intention, l’Ania attend des résultats. « Pour passer d’une logique de confrontation à une logique de co-construction, ce label est un premier pas. Nous appelons toutes les enseignes de la grande distribution à concrétiser leurs discours en candidatant à l’obtention du label. Au-delà des engagements de chacun, nous veillerons surtout à la cohérence entre les mots et les actes lors des négociations à venir », déclare Jean-Philippe Girard, président de l’Ania. En parallèle, l’association vient de publier un guide pratique sur les relations commerciales (Lire ici).
Le label Relations Fournisseur Responsables :
La charte sur laquelle s’appuie la labellisation implique la mise en œuvre d’une série de principes visant à l’ application de la loi de modernisation de l’économie et de la loi Hamon, et à un engagement pour des relations durables. En pratique, la charte ne vient pas se substituer à la loi, dont on sait qu’elle est mal appliquée. Elle mise avant tout sur un changement culturel, qu’elle encourage.
Les engagements :
- Respecter les délais de paiement fixés par la loi et en s’abstenant de toutes pratiques déformant l’esprit de la loi,
- Se doter d’un cadre contractuel équilibré, clair et respecté,
- Favoriser la collaboration au travers de divers partenariats donneur d’ordre / fournisseur stratégiques,
- Réduire les risques de dépendance réciproques,
- Assurer une mise en concurrence ouverte, libre et loyale dans les processus d’appel d’offre, de sélection, de négociation des clauses contractuelles,
- Prévenir les délits d’initiés et la diffusion d’informations sensibles,
- Prévenir les pratiques de corruption active et/ou passive au sein des processus d’achats,
- Définir et prévenir les conflits d’intérêt,
- S’assurer du respect par les fournisseurs et sous-traitants des standards en matière de prévention de la corruption,
- Développer une gestion prévisionnelle des achats en communiquant à l’avance les arrêts de commande et les niveaux prévisionnels d’activité pour favoriser l’adaptation des capacités,
- Protéger la filière en évitant de réintégrer de façon brutale, en période de crise, les activités et les savoir faire de la sous-traitance,
- Développer une relation de confiance avec le management de l’entreprise sous-traitante,
- Faciliter le déploiement international,
- Apprécier la compétitivité entre les offres,
- Anticiper les impacts environnementaux de sa politique d’achat , de ses sources d’approvisionnement et de son cahier des charges produits/services,
- Mettre en œuvre une politique d’achat responsable,
- Contribuer le plus possible à développer l’activité économique sur les territoires d’implantation,
- Diversifier le réseau des fournisseurs,
- Anticiper les impacts sociaux de sa politique d’achat, de ses sources d’approvisionnement et de son cahier des charges produits/services,
- Recourir à des acheteurs respectueux des règles du marché et des règles de droit commercial et soucieux de l’intégration des dimensions environnement et RSE,
- Piloter et coordonner l’ensemble des prescripteurs et utilisateurs en contact avec les fournisseurs et sous-traitants,
- Privilégier la médiation comme mode de traitement alternatif des litiges à défaut de résolution du conflit avec l’acheteur local.
Retrouver la charte dans sa version intégrale, en cliquant ici.