Négociations commerciales : le cri d'alarme des industriels laitiers

24 février 2014 - Pierre Christen

Leclerc a entraîné les autres enseignes dans la guerre des prix sur les marques nationales. Les industriels laitiers tirent la sonnette d'alarme. Crédit : Linéaires.

Les négociations commerciales entre industriels et distributeurs sont chaque année tendues. Cette année tout particulièrement d'après nos informations. Et ceci quel que soit la catégorie de produits. Les acheteurs ont pour consigne de maintenir le statu quo sur les prix d'achat voire même de pratiquer des prix à la baisse par rapport à 2013. Un coup dur pour les fournisseurs étranglés par un redoutable effet de ciseau, hausse des prix de certaines matières premières d'un côté, et verrou des prix de vente auprès des distributeurs de l'autre.

A quelques jours de la fin des négociations, les premiers à tirer la sonnette d'alarme sont les industriels laitiers, à travers la Fédération nationale de l'Industrie laitière (FNIL). "On craint que la guerre des prix ne se traduise par un blocage, qui serait dramatique pour toute une filière", affirme Gérard Calbrix, directeur Affaires économiques de la FNIL. Une hausse de 10 € par 1000 litres de lait acheté aux producteurs, c'est 300 millions d'euros en moins pour les industriels laitiers, ce qui correspond à leur résultat net après impôts (en moyenne sur la période 2009-2012). Or la hausse en 2013 du prix payé aux producteurs a été de 29 €, soit une facture de 700 millions d'euros supplémentaires pour la transformation laitière. En 2014, une augmentation du même ordre est attendue... "Un second choc que les entreprises laitières ne pourront pas supporter", souligne-t-il.

Rappelons que les cours mondiaux du lait ne cessent de progresser. C'est le résultat de la forte demande des pays émergents, Chine en tête, tandis que la production mondiale n'arrive pas à suivre. En 2013, le prix du lait payé aux producteurs en France s'établit à un niveau record de 344 € pour 1000 litres, une hausse de 9 % par rapport à 2012. "Dans le même temps, le prix de vente consommateur a baissé de 1 %, et même de 2 % sur l'ultra-frais", ajoute Gérard Calbrix. Le cadre des négociations commerciales, régi par la LME (Loi de modernisation de l'économie), ne permet pas de tenir compte de cette évolution. L'objectif du texte est de peser sur l'inflation des produits alimentaires. Un système utilisé par Leclerc, dans un rapport de forces déséquilibré, pour gagner des parts de marché sur ses concurrents. Les autres enseignes ont depuis toutes été entraînées dans cette guerre des prix.

"Ailleurs en Europe, il n'y a pas cette guerre des prix. Il est admis par les opérateurs, y compris les distributeurs, que l'augmentation du prix de la matière première doit être répercuté sur le prix d'achat", indique Gérard Calbrix. Il précise que l'Allemagne a connu en 2013 trois hausses successives du prix d'achat du lait.

"Ce qui compte c'est que les négociations commerciales retrouvent un climat serein avec des engagements tenus sans compensations de marge, ni déréférencements ou autres menaces. Ce qui compte enfin, c'est que la grande distribution démontre, en adaptant son comportement à la réalité, qu'elle a bien perçu l'ampleur de l'enjeu", conclut Olivier Picot, président de la FNIL.

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