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PNNS : des recommandations pour plus d’efficacité
L’évaluation du second volet du Plan national nutrition-santé (PNNS 2, 2006-2010), réalisée conjointement par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Observatoire de la qualité de l’alimentation (Oqali), a été livrée début mai. Elle souligne que la « pérennité du plan mérite d’être assurée, mais estime que sa reconduction en l’état n’est pas souhaitable ». Le PNNS 3 devrait donc connaître de nouvelles orientations.
Faire évoluer la gouvernance ...
L’étude livre en effet une série d’axes d’amélioration. Un point critique touche la gouvernance du programme, « restée au niveau de l’incitation, sans niveau de représentation ministériel ». Au niveau opérationnel, le rapport constate la difficulté de faire évoluer la prise en compte de l’obésité en particulier chez les personnes pauvres et précaires (absence de repérage systématique du sur-poids et de l’obésité chez les enfants, retard dans les réseaux de prise en charge,…). Ceci alors que l’obésité continue de progresser sur ce segment de population. Le rapport pointe également les efforts nécessaires vis-à-vis de la dénutrition notamment chez les personnes âgées, ainsi que de la prévention de la sédentarité ou la promotion de l’activité physique.
Concernant le volet communication, qui représente plus de la moitié du budget alloué au PNNS (19 M€), le rapport affirme que le succès est relatif. « Si « manger-bouger » ou « 5 fruits et légumes par jour » sont devenus des repères connus, ils ne sont pas forcément appropriés par ceux à qui ils sont destinés », indiquent les auteurs.
... pour convaincre plus d’industriels
Concernant l’évolution de l’offre alimentaire, le rapport recommande que la méthode relative aux engagements de progrès nutritionnels évolue afin de permettre « l’aboutissement de démarches collectives d’industriels ». Au 6 mai 2010, 18 chartes ont été signées sur 34 dossiers soumis au comité, avec des grands groupes ou des entreprises : Saint Hubert, Casino, Orangina Schweppes, Marie, Section fruits de la Fédération française des aliments conservés (Fiac-Adepale), Unilever France – matières grasses, Taillefine, Bleu Blanc Cœur, Paul, Scamark, Findus, Unijus, Maggi, Herta, Davigel, P’tit Louis, Lesieur et, dernièrement, Mac Cain.
Sur la base des quinze premières chartes signées,l’Observatoire de la qualité de l’alimentation (Oqali) a estimé que ces engagements ont permis une réduction de 0,4 % de sucres consommés par jour et par personne (soit 9000 tonnes/an) et de 0,2 % des lipides (soit 4227 tonnes par an) et de plusieurs centaines de tonnes de sel. D’où un effet non négligeable sur les apports nutritionnels de la population.
« Je fais miennes les recommandations du rapport d’évaluation », a déclaré Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Santé et des Sports. Le PNNS 3 devrait ainsi mettre l’accent sur :
- les actions en faveur des plus démunis,
- le renforcement de la prise en charge des personnes obèses,
- le développement de la promotion de l’activité physique et de la lutte contre la sédentarité,
- et la la lutte contre la dénutrition des personnes âgées, en partenariat avec le plan national « Bien vieillir ».
Des mesures sont annoncés concernant le pilotage du PNNS, et notamment sa complémentarité avec le programme national pour l’alimentation prévu dans le projet de loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche, actuellement examiné au Sénat.
Nouveauté, des chartes « entreprises actives du PNNS » devraient être mises en place. Les entreprises signataires devront s’engager sur le développement d’actions spécifiquement destinées à améliorer la nutrition de l’ensemble des salariés.