Prix de la viande : le grand écart ?
L’UFC Que Choisir a publié fin janvier une étude sur la formation des prix dans trois grandes filières de production de viande entre 1990 et 2008. Cette enquête dénonce une déconnexion entre des prix à la consommation qui ne cessent d’augmenter depuis vingt ans et des prix payés aux producteurs en baisse continue. Pour l’association, cela représente des augmentations de plus de 50% sur le prix du bœuf en rayon, une progression de 26% pour le porc (échine) et de 40% pour la volaille. À l’opposé, les prix agricoles ont chuté sur la même période de 15% et 30% respectivement sur le bœuf et le porc, la volaille n’ayant quant à elle augmenté que de 7%.
Répercussions des prix
Comment expliquer ces hausses ? Pour l’UFC Que choisir, c’est le moyen trouvé par les intermédiaires d’abattage, de transformation et distribution pour maintenir des niveaux de profits tandis que la consommation baissait, en particulier sur la viande de bœuf pendant toute la période de la vache folle. Dans le cas du bœuf, l’UFC a aussi identifié quatre surcoûts sur la période 1990-2008 : les sécurisations de la filière après les crises de la vache folle, la taxe d’équarrissage, le déséquilibre entre parties avant et arrière et les coûts de la main d’œuvre et de l’énergie. « Si l’on se base sur le prix de l’entrecôte qui est passé de 11€/kg en 1990 à 17€/kg en 2008, les surcoûts identifiés n’expliquent qu’entre 2 et 2,3 €/kg, soit un tiers de la hausse » explique Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l’UFC Que choisir.
Prix du bœuf en hausse
De son côté, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a réagi par la voie de son président Jérôme Bédier en indiquant qu’il ne fallait pas faire « croire aux Français qu'on fait des marges épouvantables à chaque fois qu'ils achètent de la viande ». Sans donner de chiffres contradictoires, Jérôme Bédier indique que « les rayons boucherie sont dans des situations difficiles, au point que certains magasins ont supprimé leurs rayons boucherie parce que les frais sont importants et rendent difficiles leur exploitation ». Pour la FCD, le prix d’achat de la viande de bœuf au producteur est resté stable depuis la crise de la vache folle alors qu’il a légèrement augmenté dans les rayons à cause des coûts de main d'œuvre. La FCD a demandé à l’association de consommateurs de préciser les éléments ayant servis à la publication de l’étude en question.
Deux rapports en deux mois
L’UFC indique aussi dans son enquête que les écarts de prix sont moins marqués chez les industriels que chez les distributeurs. Cette analyse rejoint celle du rapport d’Éric Besson publié fin décembre 2008, quelques jours avant la mise en application de la Loi de Modernisation de l’Économie.