Production-transformation-distribution : des relations plus matures grâce à la RSE ?
« Il y a quelques années, la responsabilité sociétale des entreprises était considérée comme une contrainte, rappelle Jean-René Buisson, président de l'Ania. Progressivement, l'ensemble des entreprises -y compris les PME- l'ont intégrée comme une approche de la compétitivité. Il est nécessaire de mettre en place une dynamique de progrès, impliquant tous les maillons de la filière, du producteur jusqu’au consommateur, tout en restant dans une logique de création de valeur et de compétitivité. C'est la révolution du dispositif que nous sommes en train de mettre en place sur le sujet ». Une table-ronde, qui s’est tenue durant le colloque « RSE dans l’agroalimentaire » organisé jeudi 31 janvier à Paris, a réuni l'Ania, Coop de France, la FNSEA et la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), tous les quatre signataires de l'accord sur le guide de déclinaison de la norme Iso 26000 pour l'agroalimentaire. Ils se sont félicités des avancées accomplies sur le sujet, sans minimiser la difficulté de trouver les bons compromis.
Un outil de création de valeur à partager
« Il n'y aura pas de filière forte si tous les maillons ne s'y retrouvent pas », constate Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, prônant une co-construction transparente et appelant à la reconnaissance du professionnalisme du monde agricole en ce qui concerne l'environnement. « La responsabilité sociétale des entreprises concerne l'ensemble de la chaîne de valeur d'une entreprise, remarque Christian Pèes, vice-président de Coop de France. Elle se trouve dans les gènes même des coopératives, et pourtant à ce jour, ce sont à peine 15% d'entre elles qui s'y engagent formellement : nous voulons sensibiliser la majorité d'entre elles ». « L'industrie agroalimentaire, coincée entre les producteurs qui ont les tracteurs pour se manifester et les distributeurs qui ont le contact avec le consommateur, a aujourd'hui un sérieux effort de transparence à fournir, avoue Jean-René Buisson. La responsabilité sociétale des entreprises va dans ce sens, elle est l'une des priorités de l'Ania ». Quant à Jacques Creyssel, délégué général de la FCD, il s'est félicité des nombreuses pratiques quotidiennes illustrant déjà l'engagement de la grande distribution : le taux d'emploi d'handicapés à 7% en moyenne, les dons alimentaires représentant 35% du total national, les innovations telles que l'évolution des moyens de paiement... « La responsabilité sociétale des entreprises répond à une attente des consommateurs, et nous devons travailler plus en filière, on est d'accord, même si c'est difficile ! ».
Travailler plus en filière
« Il va falloir partager cet outil, enchaîne Christiane Lambert. Le travail collectif que nous menons sur le sujet crée des relations plus matures entre nous, et il est important de se donner le temps de faire les choses pour que ce ne soit pas une démarche élitiste, mais bel et bien de masse ». Tous s'accordent en tous les cas pour dire que la responsabilité sociétale des entreprises est un levier pour la compétitivité de la filière, en plus d'être une attente forte de la société. D'où l'intérêt de travailler ensemble sur ce sujet transversal. « Une méthode gagnante qui va produire de l’efficacité économique », selon le ministre Guillaume Garot, en conclusion de ce colloque.