Valorial : accélérateur de compétitivité et de croissance
Lors de l’évaluation des pôles de compétitivité menée par les Pouvoirs publics, et rendue publique en juillet, Valorial a été classé dans la catégorie « performant ». Il a manqué de peu la catégorie supérieure, l’axe à améliorer étant… la communication. « On est des faisous, avant d’être des disous », s’excuse presque Jean-Luc Perrot, directeur du pôle, citant un proverbe gallo (un patois breton). Une manière de dire que le pôle préfère le travail bien fait et la confidentialité, source de confiance, à la communication à outrance…
Accompagner l'innovation
Toujours est-il qu’en en marge du colloque « L’innovation, arme anti-gaspi alimentaire », emblématique du rôle boîte à idées pour projets innovants que joue Valorial, le pôle de compétitivité a retenu la leçon. Il a organisé une conférence de presse avec un message fort que résume Pierre Weill, son président depuis avril 2012 : « Nous accompagnons par l’innovation le développement de la compétitivité et de la croissance des filières alimentaires de l’Ouest de la France».
« Notre métier d’ingénierie de l’innovation consiste à aider à l’émergence, au montage et l’accompagnement de projets d’innovation collaboratifs menés en coopération par des industriels de l’agroalimentaire, des centres de recherche et des organismes de formation », complète Jean-Luc Perrot, précisant les domaines du pôle : nutrition, sécurité des aliments, technologies innovantes et ingrédients fonctionnels.
252 projets d'innovation labellisés
Une stratégie destinée à être pérennisée. Car elle est payante. Valorial qui étend son emprise géographique sur la Bretagne, les Pays de la Loire et la Basse Normandie est le premier pôle de compétitivité agroalimentaire français. Depuis sa création en 2006, 252 projets d’innovations ont été labellisés, pour un montant de 343 millions d’euros investis. Parmi ces projets, 85 relèvent du monde académique : 28 d’entre eux ont été retenus lors des appels à projets de l’ANR, soit un taux de réussite de 33 % (contre 18 % en moyenne). Côté industriels, ce sont 157 projets labellisés, obtenant un taux de financement public qui dépasse 90 %.
Valorial est ainsi le premier pôle de compétitivité agroalimentaire, avec 252 projets labellisés pour un résultat de 170 projets financés à hauteur, en moyenne, de 1,6 M€. « L’écart type est important, les financements allant de 200 k€ à 10 M€, à l’image de la diversité des acteurs de l’agroalimentaire de l’Ouest », précise Jean-Luc Perrot.
Pour quelles retombées ? Aujourd’hui 70 projets sont arrivés à terme, ce qui permet une évaluation. Côté recherche, les projets académiques génèrent 4,5 publications scientifiques en moyenne, les projets privés en suscitent deux. 20 brevets ont été déposés, mais aussi 20 marques et dix enveloppes Soleau. Côté retombées économiques, 69 % des projets privés commercialisent de nouveaux produits ou services ou sont en passe de le faire.
Par exemple, le pôle a contribué à aider le financement d’un projet visant à optimiser l’outil de screening et le développement de nouveaux protocoles pour lutter contre l’apparition de pathologies rétiniennes. Un complément alimentaire a été lancé, et trois emplois créés, suite à ces travaux. « Dans tous les cas, les projets apportent un élément de différenciation, soit par l’acquisition de nouvelles connaissances, un gain de productivité ou une innovation produit, process ou marketing pour accroître le prix de vente », souligne Jean-Luc Perrot.
Un changement de modèle pour l'agroalimentaire
Car pour Pierre Weill, le modèle agroalimentaire de l’Ouest et breton en particulier vit un changement de paradigme. « Face à l’extension de la concurrence internationale, nous avons de plus en plus besoin de nous différencier par la valeur ajoutée. D’où l’importance d’accélérer les projets innovants qui correspondront aux attentes de demain ». Il fait le parallèle avec le monde du vin qui il y a vingt ans souffrait de surproduction et a su prendre ce virage de la qualité en phase avec les attentes sociétales.
Le président de Valorial, qui est aussi le fondateur et dirigeant de Valorex (produits nutritionnels), et le co-président de Bleu Blanc Cœur, pointe toutefois le frein que crée le cadre réglementaire, en particulier le règlement européen n°1924/2006 qui régit les allégations de santé. « L’innovation en nutrition santé a été préempté par l’industrie pharmaceutique, c’est une vraie problématique pour l’industrie agroalimentaire. Il est devenu très difficile de communiquer autour de l’innovation. Or si on ne peut pas communiquer, on banalise nos productions, c’est le lit de la perte de valeur ».
Une inflexion des projets nutrition-santé
« Nous connaissons une inflexion des projets ayant trait à la nutrition–santé, confirme Jean Luc Perrot. Les autres thématiques restent très fortes. C’est le cas de la sécurité sanitaire, où paradoxalement, bien que les produits soient très sécurisés, il reste encore beaucoup à découvrir. Autre thématique ayant le vent en poupe : les process innovants, notamment pour répondre à la tendance du clean label ». Au final, Valorial devrait confirmer la dynamique de l’année 2011, sa meilleure année, qui avait vu 39 projets labellisés pour un montant de 70-75 M€ labellisés. « Usine à projets, Valorial est en passe de devenir une usine à croissance », conclut-il.