L’Ademe a dévoilé, le 30 novembre 2021, les premières conclusions de l’étude « Transition(s) 2050. Choisir maintenant. Agir pour le climat », fruit du travail d’une centaine d’experts pendant deux ans. L’agence s’est appuyée sur la traduction de la neutralité carbone qui est faite dans la loi Energie-Climat de 2019 pour dessiner quatre chemins, inspirés aussi des trajectoires formalisées en 2018 par le Giec dans son rapport spécial 1,5°C.
« Les quatre scenarii proposés par l’Ademe aboutissent tous à la neutralité carbone mais avec des niveaux d’émissions résiduelles, des voies et des niveaux d’efforts différents. Ils ont été comparés à une orientation tendancielle qui représente le futur si rien ne change. La conclusion est sans appel : sans action, nous allons dans le mur. Nous avons encore le choix mais il faut agir vite », alerte Arnaud Leroy, président-directeur général. Reste à clarifier le « comment ? ». Au premier semestre 2022, les conclusions de l’étude seront transposées en préconisations pour chaque secteur. Une forme d’appel du pied à l’État et aux organismes d’accompagnement qui peaufinent « l’après-France Relance ».
L'accent est mis sur la biomasse et les énergies renouvelables
Des premières pistes de réflexion émergent des points communs entre les différents scenarii. Ainsi, la réduction de la demande d’énergie est le facteur clé pour atteindre la neutralité carbone. L’approvisionnement énergétique reposera à plus de 70 % sur le renouvelable en 2050. L’électricité sera le vecteur principal, devant le gaz qui restera indispensable sous des formes plus « vertes ». En industrie, la décarbonation du mix énergétique devra intégrer l’efficacité énergétique, la sobriété dans la consommation de matières premières, le captage et le stockage du CO2, etc. Des technologies existent déjà pour répondre à ces enjeux tandis que de nouvelles solutions sont en développement. Le numérique sera un atout à tous les niveaux de la chaîne. Pour autant, le vivant est l’un des atouts principaux de cette transition. La biomasse sera fortement sollicitée, pour le chauffage comme pour son potentiel de stockage naturel du carbone. La forêt et le bois sont en première ligne. Les algues seront aussi de la partie, pour le captage du CO2 et de de futurs biocarburants. « L’alimentation représente un quart des émissions de gaz à effet de serre en France aujourd’hui. Un menu fortement carné monopolise quatre fois plus de surface agricole qu’un menu vegan. Végétaliser l’alimentation permet de libérer de l’espace agricole pour relocaliser des produits, miser sur les productions extensives comme le bio, etc. », affirme aussi David Marchal, directeur exécutif adjoint en charge de l’expertise et des programmes. Un nouvel équilibre entre protéines animales et végétales est à définir, dans le respect de la saisonnalité pour réduire pertes et gaspillages. La transition est dans l’assiette !