Le marché mondial de la protéine a basculé. Depuis trois ans, les importations en provenance d’Asie augmentent fortement, de Chine en particulier. L’empire du Milieu est devenu le plus grand importateur mondial de produits carnés avec 71 millions de tonnes par an. De plus, la guerre économique qu’il livre avec les États-Unis rend la situation plus favorable à l’Union européenne. La levée de l’embargo sur le bœuf français en 2018 a créé un appel d’air immédiat.« Nous sommes dans une économie de la demande. Mais les barrières culturelles sont fortes. Pour les vendeurs, c’est difficile de se positionner au regard de la complexité du marché, du mix produit-prix différent et des nombreux intermédiaires sur un business encore très traditionnel », analysent Cyrille Carbo, entrepreneur du digital, et Yuan Zhou, spécialiste du commerce agroalimentaire international. Fort de ce constat et de leur réseau, ils ont créé Meat B2B, la première plate-forme digitale destinée à faciliter l’export pour les entreprises du secteur de la viande. Sont concernés les acteurs de l’abattage et de la première transformation, mais aussi les charcuteries et les fabricants de plats cuisinés. Outre la mise en relation entre vendeurs et acheteurs, le service inclut la numérisation du transport et des formalités douanières. « La plate-forme propose un standard simple, avec un prix au kilo, et une interface calquée sur celle d’Alibaba, avec laquelle les acheteurs chinois sont familiers », explique Cyrille Carbo.
Pour l’heure, l’essentiel de l’activité est réalisée en containers en température dirigée (adaptés aux produits surgelés). « Nous envisageons des transports en avion pour les produits premium, mais aussi des emplacements ferroviaires », indique-t-il. Un gain de 20 jours qui ouvrirait la voie au développement du frais.
Le modèle économique de la plate-forme repose sur une rémunération par transaction associée à un abonnement lié à une palette de services en cours de développement (étude de marché, tableaux de bords, etc.). La société créée en mars 2019 suscite beaucoup d’intérêt. Soutenue par l’Ania, elle est en train d’associer à sa gouvernance les représentants des filières concernées.
Un gain de 15 à 25 % grâce à l'absence d'intermédiaires
Point crucial : la plate-forme n’est pas ouverte. L’équipe de Meat B2B valide les vendeurs comme les acheteurs. De plus, la société d'assurance-crédit Euler Hermès (filiale du groupe Allianz) sécurise le défaut de paiement à l’international. Pour l’instant, huit entreprises sont actives à la vente et plus d’une quinzaine d’acheteurs ont montré patte blanche, en Chine, Japon, Corée et en développement au Vietnam et en Malaisie. Leur profil ? Des chaînes hôtelières, de restauration, des transformateurs et des petits Rungis qui vendent à l’unité à des transformateurs. A la clef pour les vendeurs : un gain de 15 à 25 % grâce à l’absence d’intermédiaires.
Le site Internet de la plate-forme : www.meatb2b.com