Environnement

La taxe carbone pèsera peu sur l’agroalimentaire

29 septembre 2009 - Propos recueillis par Josselin Moreau

Gaël Callonnec, économiste au service observation, économie et évaluation de l’Ademe / Crédit : Processalimentaire.com

La taxe carbone entrera en vigueur le 1er janvier 2010. Son montant sera fixé à 17 euros la tonne de CO2, soit par exemple 4,5 centimes par litre de fioul et de gasoil. François Fillon a annoncé vendredi dernier que les agriculteurs et les pêcheurs ne paieront cette taxe qu’à hauteur « d'environ un centime par litre » de carburant, avec une compensation intégrale sous forme de chèque du Trésor public. De son côté, la ministre de l’économie Christine Lagarde a confirmé être favorable à un basculement de la taxe des entreprises transport vers leurs clients.

Processalimentaire.com : L’agroalimentaire reste un secteur exposé à la taxe carbone de part son tissu dense de PME. Cela impactera-t-il sur la compétitivité ?

Gaël Callonnec : « La taxe carbone ne devrait pas handicaper la compétitivité des entreprises. Son montant est modeste et les entreprises pourront le réduire significativement en réalisant des économies d’énergie à faible coût. En outre, les entreprises françaises bénéficieront en contrepartie de la suppression de la taxe professionnelle. En agroalimentaire, cette nouvelle contribution devrait représenter 0,54% de la valeur ajoutée, les branches les plus touchées étant celles des alcools, des aliments pour animaux, du beurre et de certains produits laitiers*. »

L’électricité ne sera pas soumise à cette taxe. Hors elle concerne un tiers des approvisionnements des entreprises agroalimentaires. Quelles seront les conséquences d’une telle décision ?« Certains craignent que la taxe carbone ne pousse les agents à se fournir massivement en énergie électrique, qui en période de pointe, est produite par des centrales thermiques à flamme qui émettent énormément de gaz à effet de serre. Elles sont responsables à elle seules de 29 % des émissions de GES de l’industrie. Cependant ce risque est limité à court terme, d’abord parce que les producteurs d’électricité sont soumis au marché de quotas de CO2, si bien qu’ils répercuteront le coût de cette contrainte sur leur prix ; ensuite parce que le prix du Kwh électrique restera supérieur au coût du Kwh de gaz ou de fioul, même si ces deux dernières ressources sont taxées. »

Êtes-vous favorable à un système de bonus versés aux entreprises qui utilisent des énergies vertes (photovoltaïque, éolien, méthanisation…) ? Est-ce efficace sur le plan économique et de la compétitivité ?« L’Ademe verse déjà des subventions aux projets de méthanisation, Leur montant est calibré au cas par cas pour que la rentabilité des projets soit très attractive pour les investisseurs.La production d’électricité photovoltaïque et éolienne bénéficie d’un tarif de rachat obligatoire qui garantit également une bonne rentabilité à la filière. »

A 17 euros la tonne de CO2 au commencement de cette taxe, pourra-t-on vraiment faire changer la consommation énergétique des entreprises ?« Le poids de la taxe aura vocation à croître à l’avenir. Le rapport Quinet préconise que le taux atteigne 100€/tCO2 en 2030. Cette perspective devrait inciter les entrepreneurs à choisir dès à présent les modes de production et les équipements les plus sobres en énergie. Cela leur procurera à terme un gain de compétitivité substantiel. »

* laits concentrés, laits secs conditionnés, non dégraissés ou non sucrés, produits dérivés de l'industrie laitière (lactose, lactosérum, caséine)

  • Quels seront les impacts de la nouvelle taxe sur l’industrie agroalimentaire ? Entretien complet à lire dans le numéro d’octobre de Process alimentaire.
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