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Emballage

Recyclage chimique : l’américain Eastman ne tourne pas le dos à la France

Prêt à lancer la construction d’une usine de son recyclage chimique sur les côtes normandes, l’américain Eastman reste en attente de clarifications règlementaires. Le groupe pointe notamment du doigt le risque d’importations non contrôlées et non tracées de matière recyclée non-européenne.
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  • Auteur : Hugo Marc
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« Avec la volonté d’investir une enveloppe d’un milliard d’euros, le groupe Eastman est très actif dans la construction de cette nouvelle unité de recyclage moléculaire, en France. Il est agaçant d’entendre dire que le projet est à l’arrêt. C’est faux. » a déclaré Eric Dehouck, le directeur général France d’Eastman, en amont du sommet Choose France, qui s’est tenu la semaine dernière à Porte de Versailles. En fin d’année 2024, Loop recycle et Suez ont abandonné leur projet d’usine de recyclage des polyesters à Carling (57). La cause : un feu vert européen sur l’importation de matières recyclées, qui remet en cause le modèle économique de par le coût important de ces nouvelles unités de recyclage. 

Une enveloppe d'un milliard d'euros pour le site normand 

De son côté, Eastman souhaite continuer le projet normand. Sur le site de Port-Jérôme (76), les travaux sont prêts à débuter pour mettre sur pied   la plus grande usine au monde de recyclage chimique du PET (polyéthylène de téréphtalate). En 2022, le chimiste américain souhaitait une mise en route du site  fin 2026, mais le groupe est aujourd'hui en attente de clarifications règlementaires pour lancer sa construction. 

« Le début des travaux a été repoussé, car nous sommes dans l’attente de principales réglementations européennes qui vont encadrer le recyclage des plastiques et l’économie circulaire » , a souligné Eric Dehouck dans la presse régionale.

Le directeur de la filiale française fait notamment allusion à la législation secondaire, qui découle du règlement PPWR (Emballages et déchets d’emballages, en français). Dans cette seconde publication attendue fin 2025, des clauses miroirs fixeraient des critères de durabilité similaires entre la matière recyclée importée et celle fabriquée en UE. « Ce serait du non-sens de faire venir des produits recyclés à bas prix de l’autre bout de la planète, tant d’un point de vue de l’empreinte carbone, que des emplois » , ajoute-t-il. 

Revaloriser des déchets plastiques français, allemands et italiens

Aujourd’hui, l’écosystème des recycleurs demande plus de contrôle qualité aux frontières pour certifier la circularité de la matière importée , qui provient principalement du continent asiatique. Cette politique protectionniste de l’UE semble être un pré-requis pour que l'américain lance l’investissement.

Lors de le première phase, Eastman injecterait un milliard d’euros pour la construction d’une usine de 500 000 m 2 . Le site serait configuré pour traiter un gisement annuel de 110 000 tonnes de plastiques , principalement issues des déchets français, « voire allemands ou italiens avec qui nous sommes en discussion » , précise-t-il. Le recycleur prévoit déjà une deuxième phase d’investissement pour monter à 200 000 tonnes de polyesters traitées à l’année. Pour rappel, le recyclage chimique permet de dépolymériser le plastique, pour reproduire de la matière apte au contact alimentaire, avec les mêmes caractéristiques physiques que le plastique neutre . Ainsi ce type d’usine contribue à réduire la production de contenants d’origine pétrosourcée, en revalorisant des plastiques qui finissent actuellement à 75 % incinérés ou enfouis .

Un soutien gouvernemental

En amont de « Choose France », le Président de la République Emmanuel Macron est revenu sur l’importance de l’usine normande pour créer cette boucle de revalorisation plastique dans l'Hexagone . « Le projet Eastman me tient à cœur, en aucun cas il sera abandonné. De nouvelles contraintes issues de la règlementation ont simplement ralenti le déploiement du site » , clarifie le président. Avant de préciser que « les problématiques proviennent principalement d’une concurrence déloyale exercée par les produits asiatiques » . Pour remédier à ce différentiel, le chef d’État appelle la Commission Européenne à établir un agenda de protection, dans les prochains mois. 

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